Kuzola, ça veut dire aimer en kimbundu, une langue parlée dans la région de Luanda en Angola. C’est dans cette langue que s’exprimait la mère biologique de Lúcia de Carvalho et c’est devenu le titre de son dernier album où elle part à la recherche de ses racines. « La vie m’a trimbalée par ci, par là / Je me suis perdue/ Mais quand j’ai entendu parlé de Bahia/ Ça m’a rappelé mon Angola/ Avec ses rythmes et sa façon de dire : « Je suis d’Afrique », chante-t-elle.
DR Lúcia de Carvalho chante ses racines
L’Angola, la chanteuse y a vécu jusqu’à ses 6 ans, baignée par la musique : « Ma mère était beaucoup dans la transmission. Elle jouait du piano dans une chorale et nous enseignait des chants à mes sœurs et moi. On écoutait aussi à la radio les musiques du Portugal, du Cap-Vert, du Brésil… »
Alors que la guerre civile éclate aux portes de la capitale, sa mère, en quête d’une vie meilleure, quitte l’Angola pour le Portugal avec trois de ses enfants, mais sur place, les difficultés s’amoncellent et ils sont confiés à un orphelinat.
A 12 ans, Lúcia de Carvalho est adoptée avec sa sœur par une famille alsacienne et débarque à Meistratzheim (Bas-Rhin). Elle qui a toujours vécu au bord de la mer découvre les hivers rigoureux et voit la neige pour la première fois. Et un mode de vie à l’opposé de la sienne : « On avait l’impression d’être dans un western, c’était désert dans les rues, les gens restaient chez eux alors que nous, nous avions l’habitude d’être dehors. Et puis les gens étaient méfiants : nous étions les premières noires du village. »
Un jour, le groupe Som Brasil de Strasbourg qui joue de la musique traditionnelle brésilienne se produit au village et repère les deux fillettes dans la foule qui reprenaient en chœur les chansons. C’est ainsi que Lúcia de Carvalho rejoint la troupe où elle chantera pendant 10 ans avant de poursuivre la musique en solo.
Au moment de composer son deuxième album, Lúcia de Carvalho éprouve le besoin de se reconnecter avec ses racines, d’intégrer ses influences angolaises dans sa musique. Avec en tête cette phrase qui l’avait un jour bouleversée : « On m’a dit : « Tu n’es plus africaine, tu es Bounty, noir à l’extérieur, mais blanche à l’intérieur. Je me suis rendue compte que je n’étais plus 100% angolaise, je ne savais plus comment vivaient et pensaient les gens là-bas. »
Là voilà donc lancée dans une quête identitaire autant qu’une aventure musicale, suivie par le réalisateur Hugo Bachelet pour un documentaire qui a soulevé l’enthousiasme des spectateurs et primé dans de nombreux festivals.
On y voit Lúcia de Carvalho aller à la rencontre d’une trentaine de musiciens sur trois continents, enregistrer des chœurs dans un appartement alsacien ou participer au carnaval de Recife au Brésil. « J’aime bien m’imprégner de la musique et de l’état d’esprit des gens qui vivent sur place. Ce ne sont pas que des notes, pas que du faire, mais aussi de l’être », confie-t-elle.
On y découvre une femme solaire portée par la joie de vivre : « C’est quelque chose que j’ai appris de ma mère biologique, et très présent dans la culture autant en Angola qu’au Brésil. La vie est compliquée dans ces pays, alors si on passe sa journée à se plaindre, on ne sera jamais bien. La vie est comme ça, faite de défis, de doutes, de pleurs. Mais même quand il y a des nuages, même quand il pleut, le soleil reviendra un jour. Il faut vivre ça tranquillement, laisser passer et profiter après. »
L’artiste n’a pas hésité à se livrer devant la caméra : « L’intérêt de ce documentaire, c’est de montrer l’histoire d’un être humain, né dans un pays et qui vit dans un autre. Ce qui me réconforte, c’est que même si chacun a une histoire différente, on se retrouve dans certaines expériences universelles. Ce qui m’enchante aussi, c’est l’échange avec les spectateurs à la fin de la projection, c’est comme si on tombait amoureux les uns des autres, on crée un lien direct de cœur à cœur, les gens se mettent à raconter des choses intimes et on a du mal à se quitter. »
Elle aborde la scène un peu de la même manière : « Un concert est un rendez-vous, un prétexte pour que les gens se retrouvent au même endroit. C’est quelque chose de très fort et qui nous dépasse : le fait d’être nombreux et de ne se sentir qu’un. »
Des goûts et des couleurs
Une musique en boucle ?
Je ne mâche pas mes mots, de Camille.
Votre livre de chevet ?
Les sept lois spirituels du succès de Deepak Chopra, un livre de développement personnel. Je suis à fond dedans (rires)
Une personnalité que vous admirez ?
Je suis admirative de la force de l’être humain : la vie n’est pas toujours douce et l’être humain s’en sort quand même d’une manière dont il ne se sentait pas capable.
Un resto ou café dans le coin ?
La Pause Quinoa à Strasbourg, un restaurant sans gluten où j’aime bien manger, puisque je suis intolérante au gluten.
Ce qui vous émerveille dans la vie ?
Je suis maman depuis 4 mois et je m’émerveille de le voir grandir. Il a mal aux dents mais il y a de l’émail qui va sortir de ses gencives : wahou, c’est fou comme les choses sont bien faites ! Une symphonie parfaite !
Votre dernière grosse colère ?
Contre un endormissement général. Je rêve que les gens descendent dans la rue pour réclamer une vraie démocratie, où les élus prennent vraiment en compte ce que le peuple dit.
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