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Olivier Barrot : ses 200 livres essentiels

Olivier Barrot, président d’honneur de la Foire du Livre à Saint-Louis du 9 au 11 mai 2014, incite depuis plus de 20 ans les téléspectateurs de France 3 à la lecture à travers son émission Un livre, un jour. Il vient d’en tirer un ouvrage, Un livre un jour, un livre toujours, sorte de bibliothèque idéale.

Vous animez depuis 1991 l’émission quotidienne Un livre, un jour. C’est l’une des plus anciennes émissions du PAF alors que les émissions culturelles sont à la peine aujourd’hui. Comment expliquez-vous cette longévité ?

En dehors de mon immense talent que vous avez peut-être remarqué, il y a des raisons objectives. D’abord, c’est un format court, facile à programmer. C’est une émission de service, d’incitation à la lecture, donc de partage de sensibilité, pas de critique littéraire. C’est un peu une gare de triage de la production littéraire : je donne quelques bonnes raisons de s’intéresser à tel ou tel ouvrage, de tous les genres, de toutes les provenances, de tous les éditeurs. L’éducation fait partie des missions de la Télévision publique et favoriser la lecture est considérée comme quelque chose de très honorable. Et je crois que c’est une émission bien faite et qui a évolué considérablement depuis ses débuts.

Olivier Barrot est le président de la 31e édition de la Foire du Livre de Saint-Louis DR Olivier Barrot est le président de la 31e édition de la Foire du Livre de Saint-Louis

Aujourd’hui, vous tirez un livre de cette émission : Un livre, un jour, Un livre toujours, aux Editions de La Martinière, une sorte de bibliothèque idéale de 200 livres. Comment avez-vous opéré cette sélection ?

Le critère est avant tout celui de la subjectivité : j’ai choisi des livres que j’aime, livres français et étrangers, de toutes époques puisque je commence avec l’Odyssée d’Homère en moins 750 avant J-C jusqu’à Suite française d’Irène Némirovsky, paru en 2004. L’idée était de considérer les ouvrages classiques, accessibles en format poche. Mais j’ai aussi érigé en classique des livres récents, comme Villa Triste de Patrick Modiano, qui n’ont pas encore le statut du Cid de Corneille. Mais c’était aussi ma liberté et mon plaisir d’anticiper cela. J’ai aussi essayé d’écrire un usuel, pas quelque chose qui se lit de la première à la dernière page, mais un livre que l’on consulte pour trouver quelques suggestions de lecture, de façon concrète et précise.

Et si vous ne deviez en retenir qu’un, quel serait-il ?

La Fuite de Monsieur Monde de Georges Simenon, que je considère comme l’un des trois plus grands écrivains de langue française du XXe siècle. Je suis très impressionné et bouleversé par son œuvre, par la compréhension de l’être qui caractérise cet auteur. C’est un roman, un « roman dur » comme les appelait Simenon, où M.Monde est victime de ce qu’on appellerait aujourd’hui un burn out. Cet industriel qui a une entreprise de camionnage très prospère, une maison et une famille, s’emmerde. Il part dans le premier train vers le Sud : Marseille, pour changer de vie. Pour moi, c’est un roman existentialiste. Il est écrit en 1946, à une époque où l’on s’intéresse beaucoup à Sartre, mais Simenon, qui n’a aucune prétention philosophique, traduit bien cette envie de vivre, de sortir des conventions.

Et par rapport à vos goûts plus personnels, si vous aviez un livre que vous n’avez pas mis dans cette sélection et qui vous tient à cœur ?

Il y a des livres, très importants à mes yeux, que je n’ai pas mis dans cette sélection, parce qu’ils étaient trop difficiles ou pas prioritaires. Il y a notamment un livre de Gide qui m’a énormément marqué, Paludes, un livre de jeunesse qu’il a écrit à 25 ans, qui m’enchante encore aujourd’hui comme au premier jour, que je relis quasiment une fois par an depuis un demi-siècle. C’est une chronique d’un écrivain qui écrit le livre Paludes, un livre qui suppose d’avoir déjà pas mal lu avant. De Gide, j’ai proposé Les Caves du Vatican, plus facile à lire car il s’agit d’un polar.

Vous présenterez lors de la Foire du Livre de Saint-Louis où vous êtes le président d’honneur un spectacle, Cabaret Rive Gauche. De quoi s'agit-il exactement ?

C’est une promenade où je commenterai et ferai écouter une quinzaine de chansons et de sketches du Cabaret Rive Gauche, de 1946 jusqu'à Coluche. Je raconterai l’atmosphère particulière de la capitale, l’ambiance de Saint-Germain des Près, à cette époque. Après quatre années d’occupations, la France revit : les Américains, qui ont libéré Paris, ramènent le jazz, le cinéma. Ce sont des années très fécondes sur le plan de la vie artistique et intellectuelle, avec la naissance de la philosophie existentialiste, le lancement de la Série noire, les débuts de Juliette Gréco ou des Frères Jacques. Propos recueillis par Sandrine Bavard

Lire aussi notre article sur la 31e édition de la Foire du Livre de Saint-Louis

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