Pâques ne pose jamais de lapin !

S'il y a bien une région qui célèbre Pâques comme il se doit, c'est l'Alsace...facile, direz-vous, avec notre jour férié supplémentaire, grugé de manière éhontée à nos compatriotes de « l'intérieur de la France », et nos traditions héritées de nos voisins allemands.

Bien sûr, Pâques est avant tout une fête religieuse importante chez les chrétiens, mais pour la plupart de nos contemporains, c'est surtout l'occasion de profiter d'un week-end prolongé loin du bureau et de la machine à café. Cela étant dit, quelques précisions historiques s'imposent. En premier lieu, comment cela se fait-il que Pâques ne tombe jamais le même jour suivant les années ? Explication : Pâques se célèbre le 1er dimanche qui suit la 1ère pleine lune de printemps. D'où les variations de calendrier. D'autre part, pourquoi avons-nous en Alsace, et en Moselle, le « Karfreitag », le Vendredi Saint, qui nous fait gagner un jour férié de plus par rapport au reste de la France ? Réponse : c'est une tradition germanique héritée de l'appartenance de l'Alsace à l'Allemagne, lors de la guerre perdue de 1870. En vertu de l'ordonnance du 16 août 1892, les Alsaciens et les Mosellans ont conservé certaines particularités du régime allemand, dont notamment ce fameux « Karfreitag » (on ne s'en plaindra pas). Chose que l'on sait moins, le vendredi précédant Pâques est également chômé en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique.

DR Pâques ne pose jamais de lapin !

Un lièvre qui n'est pas une cloche

La tradition populaire veut que l'on raconte aux « petits n'enfants » qu'à Pâques, les cloches de Pâques s'en vont à Rome chercher les œufs, pour revenir déposer ces derniers dans les jardins. Du moins, c'est la version officielle en Belgique et en France. Evidemment, histoire de ne jamais faire comme les autres, nous avons une toute autre version du mythe. En Alsace, c'est le « Oschterhass », le lièvre de Pâques, qui dépose les œufs multicolores et les chocolats à la vitesse grand-v dans les plates-bandes de maman. Et pourquoi un lapin, et pas une poule ? Son apparition reste floue, mais on dit que c'est vers le XVème siècle que cette tradition est apparue, dû au fait que le lapin et les œufs sont deux symboles de fécondité, allants de pair avec l'arrivée du printemps - on saisira d'ailleurs aisément pourquoi le lapin représente la fertilité, l'expression « chaud lapin » étant ...des plus explicites.

Ainsi, bon nombre de petits alsaciens et mosellans traquent l'œuf (et sa version moderne, le Kinder Surprise) le dimanche matin après le passage du lièvre. Pour les artistes en herbe, la coutume veut que l'on décore les œufs et qu'on les peigne au feutre ou à la gouache. Et comme les émotions, ça creuse, c'est autour du Lammele, le petit agneau de Pâques - spécialité alsacienne, sorte de biscuit ultra-tendre saupoudré de sucre glace - que l'on va reprendre des forces. Là, le lien est plus évident, car jusqu'au XIXème siècle, il était de coutume de manger de l'agneau le dimanche de Pâques.

De nombreuses chasses aux œufs sont organisées partout dans la région, ainsi que divers marchés de Pâques, comme le marché d'Ammerschwihr le 16 avril, celui de Masevaux les 9 et 10 avril, ou encore celui de Sausheim, organisé à l'Eden les 2 et 3 avril. De quoi s'occuper pour Pâques !