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Rencontre avec Phillippe Schlienger, directeur du Créa

En 20 ans, le festival Momix est devenu le grand rendez-vous du Grand Est pour le jeune public avec près de 30 compagnies et 90 représentations. L'occasion de revenir sur les évolutions marquantes du spectacle vivant pour les enfants, en compagnie de Philippe Schlienger, le directeur du Crea.

Propos recueillis en 2011.

Comment a débuté cette aventure il y a 20 ans ?

Elle s'est développée en même temps que le Crea, structure d'accueil pour les enfants qui proposent des activités culturelles et de loisirs. Nous avions un foisonnement de propositions pour le jeune public et les bénévoles ont souhaité créer un temps fort rassemblant toutes les énergies, dans une dynamique festive autour du spectacle amateur et professionnel. Dès le départ, le festival a été un succès parce que c'était un projet avec une approche innovante et qu'il y avait peu de propositions pour le jeune public. Nous voulions présenter l'excellence du spectacle vivant jeune public en France comme en Europe. C'est une discipline à part entière avec des compagnies et des créations exigeantes.

Comment sélectionnez-vous les artistes et les spectacles ?

Depuis 20 ans, nous avons des repères : des théâtres, des festivals, des organisateurs qui diffusent du spectacle jeune public. Progressivement, il y a aussi une fidélité qui s'installe avec les compagnies parce qu'on aime leur couleur artistique, leur façon d'associer le rire et l'intelligence. Nous ne voulons pas seulement divertir mais interpeller les spectateurs, développer le plaisir de l'imaginaire... C'est une nécessité pour moi que les spectacles aient une forme attractive et jubilatoire, mais qu'ils nous parlent aussi de notre relation au monde, à la nature, aux autres. Les enfants s'intéressent aux grandes questions de la condition humaine.

La réception par le public a-t-elle changé en 20 ans ?

Depuis la nuit des temps, l'enfant naît avec des questionnements sur la jalousie, l'amitié, la mort... Mais l'évolution concerne le bain culturel ambiant, fondé sur une consommation immédiate, sur la profusion d'informations, et l'on subit d'une manière ou d'autre autre cette consommation culturelle. L'enjeu pour nous est de trouver un moyen pour que les gens viennent voir des spectacles qui ne passent pas à la télé, mais qui apportent un plus que le divertissement de masse n'apportera jamais.

Comment a évolué le spectacle jeune public ces dernières années ?

Les adultes ont prit conscience que l'ouverture culturelle est vraiment un moyen d'accéder à une certaine sensibilité et à des questionnements qui sont aussi des apports éducatifs. Les parents sont de plus en plus dans l'échange avec les enfants. Et le spectacle vivant, c'est ça : un dialogue entre les artistes sur scène et les spectateurs dans la salle, qui permet au débat de se développer. Nous proposons des spectacles avec de scénographies inventives, des histoires originales, de nouvelles façons de dire les choses : on en ressort grandit.

Qu'est-ce qui a permis à ce festival de prendre tant d'importance ?

Ce qui a été marquant dans notre festival, c'est un complément entre un projet politique d'éducation culturelle porté par la ville et un projet professionnel porté par une équipe dans le respect des missions de chacun. Le festival sans avoir des moyens énormes s'est construit autour d'une aventure humaine. On n'est pas né avec une ambition démesurée, nous n'avions même pas de salles à l'époque, mais on s'est nourri progressivement de nos partenariats pour devenir une grande famille. Kingersheim en est le cœur, mais nous sommes désormais un festival du Grand Est, reconnu en France et en Europe.

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