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Shaka Ponk : "Le concert, c'est la récréation"

Shaka Ponk est un groupe français unique en son genre. L’idée de ce groupe mélangeant rock, funk et électro est née à Los Angeles, s’est concrétisée à Berlin, puis s’est développée à Paris et sur toutes les routes de France. A la manière de Gorillaz, l’image est indissociable de la musique chez Shaka Ponk, qui a pour mascotte un singe virtuel qui critique le genre humain, en anglais, espagnol ou français. Avec son 3e album The Geeks and the Jerkin’ Socks, le groupe assoit un peu plus son originalité et son statut : « C’est un grand groupe de scène, une vraie machine à danser », affirme Kem, l’un des programmateurs des Eurockéennes, où Shaka Ponk se produira le samedi 5 juillet 2014. Nous avions interviewé Steve, le claviériste de Shaka Ponk, avant leur prestation aux Eurocks en 2012.

Shaka Ponk © Shaka Ponk Shaka Ponk

Vous avez commencé votre carrière à Berlin : vous n’aviez pas de label, pas d’argent, peu d’espoir comme vous le dites dans votre bio. C’était une vie underground non ?

Tout le groupe n’était pas à Berlin : il y avait le chanteur et le guitariste qui faisaient des répétitions dans un bunker et assuraient des premières parties de concert. On a fait le premier album à Berlin parce qu’on voulait se mettre en danger artistiquement, pas être passifs en restant entourés de nos amis, de notre famille. Moi, je n’y étais pas physiquement, mais je faisais déjà partie du collectif parce que je produisais des sons aux claviers sur certains titres. Le travail n’a pas payé tout de suite : il a fallu faire pas mal de concerts pour rôder le groupe, et bosser pas mal avec les Allemands qui comprenaient pas notre travail à la française…

C’est-à-dire ?

Que c’est un peu l’anarchie, le bordel. On est les spécialistes pour ça : on utilise beaucoup de matériel détourné, on n’attend pas forcément d’avoir un diplôme pour se servir d’un média, on se débrouille comme on peu, donc on ne fait pas les choses dans les règles de l’art… Alors les Allemands nous ont recadrés un peu, il fallait se lever tôt le matin, et on s’est rendu compte qu’en bossant de 8h du mat’ jusqu’au soir, on faisait beaucoup plus de choses dans la journée (rires). Et aujourd’hui, on continue comme ça : la semaine, on bosse sur le site, sur les vidéos… Et le concert, c’est la récréation.

Votre particularité, c’est de faire tout de A à Z : musique, site web, animation 3D, visuel de T-shirt… Pourquoi vouloir garder une maîtrise sur tout ?

Au départ, l’objectif n’était pas de tout maîtriser. Mais comme personne nous suivait, il fallait tout faire nous-mêmes, et puis on ne voulait pas dissocier la musique de l’image. A la base, Shaka Ponk est un groupe de DJs , qui met du son sur de l’image. Aujourd’hui, on est un groupe de rock plus assumé, on se sent davantage musiciens. Quand on a eu plus de moyens, on nous a proposé de réaliser des clips, on a tenté l’expérience sur 3 clips du dernier album, mais on a eu de mauvaises surprises. Au final, ça nous coûte beaucoup plus de temps et d’argent de passer par d’autres. Et puis, on a beaucoup de rushes, c’est pourquoi on a lancé notre Monkey TV, où l’on poste des vidéos de tournées de 5 à 10 minutes. Ça peut nous servir pour récupérer des images.

Paradoxalement, la seule chose que vous ne faites pas, c’est vos textes, écrits pas des personnes que vous rencontrez lors de vos voyages ?

Pas sur le 3e album, mais c’est vrai sur les deux premiers. Il se trouve que nous avons un singe chanteur virtuel. Il critique le genre humain, nous y compris, c’est pourquoi nous ne pouvions écrire les paroles. On a rencontré des gens à la sortie des concerts, des gens avec qui on buvait des coups, qui nous donnaient des phrases ou des textes, que nous transformions par la suite en chansons. Ces gens parlaient anglais, l’espagnol, français, et ça nous a tout de suite plu de transformer ce langage universel en langage de singe. On a encore des centaines de textes comme cela dans nos tiroirs.

Pour le 3e album, The Geeks and the Jerkin’ Socks, vous avez donc changé de méthode ?

On n’a pas envie de refaire la même chose à chaque album. Rien n’est vraiment planifié avec Shaka Ponk : on a composé cet album sur les routes de notre précédente tournée. La vie de tournée, c’est : on fait notre concert, on prend une douche, on dîne, on reprend le bus, on ne fait pas vraiment la fête. On passe beaucoup de temps à travailler dans le bus, c’est pourquoi on parle de choses légères, de sexe. Chaque membre du groupe compose, et ça passe dans les mains des autres, ça tourne facilement parce qu’on travaille beaucoup sur ordinateur, à tel point qu’à la fin, on ne sait même plus qui a commencé quoi. Puis, il y a eu l’intégration de Samaha dans le groupe, qui intervenait depuis le début sur des bootlegs, mais qui ne souhaitait pas monter sur scène, parce qu’elle était signée sur une autre maison de disque. Alors, on l’a kidnappée pour l’emmener sur notre tournée précédente, on a brûlé sa maison et du coup elle nous suit à 100% (rires). Cela faisait longtemps qu’on voulait l’intégrer sur scène, et on a ainsi pu créer le groupe que l’on fantasmait depuis longtemps.

Et quelle orientation musicale vouliez-vous prendre ?

On voulait faire un album rock avec une production un peu cheap, avec des batteries aseptisées, et lui donner une couleur kitsch des années 70. On est très série B au niveau visuel : on rêve de faire un clip avec des zombies, on a fait un test avec des zombies de Prince, de Cher, mais c’était trop compliqué, ils se transformaient en hommes-pavés, alors on a abandonné. Mais on ne désespère pas de le faire un jour.

Vous faites aujourd’hui des concerts dans les plus grands festivals d’été, vous êtes programmés dans de nombreux Zénith. Comment gérez-vous ce changement de statut ?

On ne le gère pas justement. Personnellement, je ne réalise pas du tout. On n’a pas du tout le temps d’avoir la grosse tête, on bosse toujours sur la matière première, et on se déchire toujours sur scène comme si c’était la dernière fois. On nous dit qu’on est disque de platine, disque d’or, mais je ne mesure pas vraiment ce que ça veut dire… L’impact du succès, on le voit parce qu’on joue dans des salles pleines à craquer, je pense déjà au moment où ce ne sera plus le cas, et ce sera très triste. On a fait l’Olympia récemment et c’était incroyable : quand j’ai vu de mes propres yeux les lettres de notre nom sur l’Olympia, j’avais l’impression d’être dans un rêve. Mais on ne lâche pas le travail, ça nous maintient dans la réalité.

Cette renommée vous a permis aussi de côtoyer de très grands artistes, comme Iggy Pop à la Foire aux Vins...

On ne regarde pas trop le calendrier, comme ça, on a la surprise en arrivant… On a par exemple rencontré Bertrand Cantat sur une tournée, puis fait un duo avec lui : très vite le mythe tombe pour laisser place à l’être humain. On boit des coups ensemble, on fait un morceau, on évacue le côté paillettes. C’est plutôt les gens autour de nous qui disent : mais tu as vu ? Tu vas jouer avec untel ou untel !

Propos recueillis par Sandrine Bavard

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