Ce matin, à la radio, le journaliste chargé du flash de 8h place, entre deux infos, le décompte macabre des féminicides en France à l'heure actuelle. Déjà plus d'une centaine. Si c'est bien d'en parler, une telle addition masque les horreurs qui se cachent derrière. En France, chaque année, environ 220 000 femmes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. Lisez les faits divers de votre journal régional préféré. ça se passe dans toutes les villes, tous les villages, et c'est toujours un peu la même histoire sordide.
© Shutterstock A la rencontre de l'association Solidarité Femmes 68 à Saint-LouisAlors que le Premier ministre Edouard Philippe vient de lancer le Grenelle des violences conjugales, nous avons voulu mieux cerner ce sujet. Nous sommes allés voir l'association Solidarité Femmes 68, installée à Saint-Louis et dont l'action rayonne dans l'ensemble du département. Sa directrice, Véronique Laouer, nous accueille dans les locaux discrets de l'association, qui vient en aide aux femmes victimes de violences conjugales. C'est un lieu d'écoute qui peut fournir de l'accompagnement à domicile, un hébergement provisoire ou encore de l'aide juridique.
« Que le sujet soit plus médiatisé récemment ne change pas grand chose pour nous. D'une année à l'autre, le nombre de femmes que nous accueillons est stable, environ 250 par an. Les violences conjugales touchent tous les milieux sociaux. Ces femmes sont orientées chez nous par d'autres associations, des travailleurs sociaux, la police, les médecins, mais aussi des amis ou de la famille », détaille la directrice. L'association sensibilise et forme les professionnels aux particularités de la violence conjugale. Elle peut aussi effectuer des actions de prévention (écoles, métiers de la santé...) Le chemin est long et difficile pour les victimes. Mettre de la distance géographique avec l'homme violent n'est jamais suffisant.
On oublie souvent que 3 fois sur 4, une femme victime de violences est aussi mère. 466 enfants sont concernés, rien que pour Solidarité Femmes 68. Des enfants qui ont assisté à des scènes intolérables, voire subi eux-mêmes des violences et qui en sont très marqués. Le travail avec ces enfants est une priorité de l'association. « Faire un Grenelle, c'est bien, mais il y a déjà tant de lois non appliquées. J'ai vu de simples rappels à la loi pour des situations terribles. Et l'éviction du conjoint violent ? Non, ce sont femmes et enfants qui prennent systématiquement la porte ! », souligne Véronique Laouer.
Question d'andouille... mais que faire pour améliorer la situation ? « En parler. Briser le silence. à l'époque, je pensais que j'étais seule, mais de l'aide existe », tranche une femme ayant fait appel à l'association.
Nous avons pu échanger avec une jeune femme suivie par l'association depuis 2016, sous couvert d'anonymat. Un témoignage dur, cru, mais qui reflète la réalité du quotidien de ces femmes victimes de violences conjugales.
« Les menaces de mort, avec une arme sous le nez, la violence psychologique permanente, la violence physique... J'étais devenue le pantin de mon ex-conjoint. Il m'a isolée du reste du monde, peu à peu. Le jour où je me suis retrouvée aux Urgences à 2h30 du matin, dans un état pas possible, j'ai dit stop.
Le déclic s'est produit quand il m'a dit qu'il avait aussi prévu une balle pour les enfants. Je n'avais plus d'espoir pour moi, c'était foutu... Mais toucher à mes enfants, ça je n'ai pas pu le supporter. L'association, je l'ai vue comme un panneau avec des flèches au milieu du néant. C'était il y a trois ans. Les procédures sont longues et complexes. Cela fait six mois que je redors enfin dans un lit, et plus sur un matelas posé devant la porte, au cas où il viendrait... »
Aujourd'hui, cette jeune femme est séparée de son ex-conjoint et vit avec ses enfants.
Association Femmes Solidarité 68 à Saint-Louis - 03 89 70 02 21
www.solidaritefemme68.fr
Le 3919 (Violences Femmes Info)
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