Festival de musique ancienne en Pic Saint-Loup et Gorges de l'Hérault

Conférence : Notre-Dame, un art de la polyphonie aux XIIe et XIIIe siècles 

par Gisèle Clément, enseignante- chercheuse

 Chaque automne, le majestueux Pic Saint-Loup et les gorges de l’Hérault s’animent d’un souffle musical venu d’un autre temps. Du 11 au 19 octobre 2025, le Festival de musique ancienne en Pic Saint-Loup et Gorges de l’Hérault signe sa 12ᵉ édition et invite mélomanes et amateurs à des rencontres musicales dans des lieux patrimoniaux d’exception. Églises, paysages viticoles et villages de caractère accueilleront des artistes de renommée internationale pour un programme alliant répertoire ancien, créations et rencontres.

Organisé par Les Muses en Dialogue en partenariat avec les communautés de communes du Grand Pic Saint-Loup et de la Vallée de l’Hérault, le festival propose, sous la présidence d’honneur de Jordi Savall, cinq rendez-vous musicaux cette année. 

Au XIIe siècle, l’École Notre Dame de Paris émerge comme un centre important de pratique polyphonique et de théorisation de la notation. Cette époque est caractérisée par une effervescence intellectuelle et artistique parmi les clercs parisiens, qui se consacrent à l’étude des textes sacrés tout en explorant de nouvelles formes d'expression musicales.

La polyphonie, qui consiste à superposer plusieurs lignes mélodiques distinctes, s’affirme comme une réponse à la richesse liturgique et à la recherche d’une expressivité accrue dans le chant liturgique. Les chantres et "organistae" de la cathédrale, tels que Léonin et Pérotin, contribuent de manière significative à ces pratiques majestueuses. Ces réalisations, qui prennent place lors des grandes fêtes religieuses, reflètent une sophistication croissante, intégrant des structures rythmiques complexes et des textures vocales variées.

Dans ce cadre, la polyphonie devient un moyen d’enrichir l’expérience spirituelle, renforçant le lien entre le chant et la liturgie. Les clercs parisiens, en quête d’une beauté sonore qui élève l’âme, trouvent dans cet art de la polyphonie, une source d’inspiration et de dévotion. Ainsi, l’École Notre Dame se positionne comme un symbole de la profondeur intellectuelle et spirituelle de son temps.

Gisèle Clément est enseignante-chercheuse à l’université Paul-Valéry – Montpellier 3 depuis 2002, ancienne élève de Marie-Noël Colette (EPHE) et Olivier Cullin (Université de Tours), ses recherches portent sur le chant liturgique occidental, en particulier sur les chants de procession et sur le motet des XIIIe et XIVe siècles. Elles s’élargissent vers les questions liées à la vocalité et aux sonorités musicales, aux conditions de la performance musicale et plus généralement à l’environnement sonore médiéval.

Depuis 2007, Gisèle Clément échange avec des chanteurs, instrumentistes professionnels spécialisés et des étudiants. Dans cet objectif, elle a fondé en 2014 le Centre International de Musiques Médiévales – Du ciel aux marges (CIMM).