Carmina Paginata de Geoffroy Pithon

Dans le cadre du Printemps du dessin 2025, l’Espace Jacques Villeglé présente l'exposition Carmina Paginata de Geoffroy Pithon. Cette installation picturale inédite prolonge les recherches formelles et plastiques menées par l’artiste depuis plusieurs années, à la croisée du graphisme, de la peinture et du dessin.

© Geoffroy Pithon Carmina Paginata de Geoffroy Pithon

Diplômé de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, Geoffroy Pithon a été membre du collectif Formes Vives de 2008 à 2020, aux côtés d’Adrien Zammit et Nicolas Filloque. Depuis, il poursuit une pratique individuelle, fondée sur un va-et-vient entre commande graphique, exploration picturale et projets éditoriaux hybrides. Travaillant depuis Nantes, il multiplie les collaborations artistiques (notamment avec Antonin Faurel, Floriane Facchini, Bonnefrite ou Fortuno Busca) et intervient dans des champs variés, de l’édition à la scénographie, du textile à la peinture murale, avec des partenaires tels que Hermès, Sézane, Casamance, Fotokino ou Maat Gallery.

Son travail personnel, largement exposé (Abbaye Royale de Fontevraud, Chapelle des Calvairiennes, etc.), se distingue par un vocabulaire visuel singulier, fondé sur des gestes amples, des aplats de couleurs vibrantes et une matérialité assumée du support. Geoffroy Pithon utilise des outils volontairement rudimentaires – pinceaux larges, papiers d’affiches récupérés – et revendique une esthétique de la tension : entre structure et spontanéité, entre rigueur graphique et lyrisme pictural.

Avec Carmina Paginata, il propose une scénographie qui rompt avec l’accrochage traditionnel. Le cœur de l’exposition est un cube de grande taille, recouvert d’une fresque peinte sur papier dos bleu. Sur cette surface sont disposées dix œuvres encadrées (six portraits et quatre paysages), pensées non comme des objets isolés, mais comme les fragments d’un ensemble vivant. L’installation invite à une lecture dynamique : le spectateur est incité à tourner autour, à modifier sans cesse son point de vue, à s’immerger dans un environnement à la fois frontal et enveloppant.

Ce projet s’articule autour d’une “période rouge” qui traverse l’ensemble des œuvres : un spectre chromatique allant du blanc cassé au rouge carmin, en passant par des nuances de rose, d’orange fluo, de magenta et de crème. Cette palette dense, expressive et parfois presque saturée, agit comme une ligne mélodique, une tonalité affective commune à toutes les pièces présentées.

Chaque peinture est accompagnée d’un court texte, conçu de mots aux sonorités dansantes. Ces textes, écrits par l’artiste, viennent prolonger les images, en proposer une lecture parallèle, et affirment ce lien constant, dans son travail, entre mot et forme, entre langage graphique et langage écrit.

Carmina Paginata s’inscrit pleinement dans le prolongement des recherches entamées avec ses publications comme Graphure et Peintrisme n°1 ou Coloramadre (coécrit avec Vincent Tuset-Anrès), où le livre devient à son tour espace d’exposition, surface de projection, lieu d’invention formelle.

L’exposition devient ici un espace polyphonique, où la peinture n’est plus simplement accrochée, mais mise en scène, pensée comme une partition que l’on découvre en mouvement. Une invitation à ralentir, à contempler, à lire et à voir autrement.