Parcs Paradoxes - Les Mardis de l'Architecture

Pour la dernière soirée du cycle CINÉMA ET ARCHITECTURE, rendez-vous pour la projection du film PARCS PARADOXES - Voyage américain

En partenariat avec la MEA - Maison Européenne de l'Architecture

Documentaire
Réalisé par Adrien Cotonat • Écrit par Adrien Cotonat, Simon Petot-Bottin
France • 2024 • 70 minutes • Couleur

L’architecte français Simon Petot-Bottin se lance dans un road-trip de six mois sur les
routes de Yellowstone, du Grand Canyon et des Everglades. Routes empruntées
chaque année par des centaines de millions de visiteurs, consommateurs de nature et
de selfies.
À la rencontre de rangers et spécialistes, il se met au défi de comprendre
l’aménagement des parcs nationaux américains : préserver le paysage par le béton.
Quel paradoxe !

Lauréat du Richard Morris Hunt Prize, il a eu un accès exceptionnel aux institutions américaines et l’occasion de saisir en profondeur les questions architecturales dans les National Parks.

>> BANDE-ANNONCE https://youtu.be/LKet1thhpj8

Un peu d'histoire : « Se couper de nos racines naturelles conduira à la catastrophe si l’homme ne pense
qu’à court terme et si nous restons aveugles aux droits de tout ce qui n’est pas nous
dans la création ». Cette phrase n’est pas celle d’un spécialiste actuel de
l’Anthropocène ni celle d’un militant écologiste, c’est celle d’un jeune écrivain
naturaliste, John Muir. Il convaincra même le président Theodore Roosevelt, en dehors de tout protocole, de bivouaquer à ses côtés à Yosemite et de l’écouter : « Il faut défendre ces lieux de l’exploitation commerciale, les mettre à l’abri du pouvoir corrupteur du matérialisme ».
Par la suite, Roosevelt renforça une politique de l’environnement, amorcée par ses
prédécesseurs Lincoln et Grant, et la fondation du premier parc national du monde en 1872, que personne après lui n’osa remettre en cause. C’est ainsi que se mit en place le système des Parcs Nationaux qui essaimèrent sur toute la planète.
Mais aujourd’hui ce ne sont plus l’extraction minière, l’agriculture industrielle ou la
chasse commerciale qui mettent en danger ce formidable patrimoine naturel. Les
Parcs Nationaux font face à une invasion de touristes. Les rangers passent leur temps
à ramasser et évacuer des excréments, des montagnes de détritus, et doivent gérer
les foules en délire de « consommation de nature ». Pourtant cela n’empêche pas les
autorités des parcs de développer des fast-foods ; le wifi et le réseau cellulaire
colonisent les parcs pour offrir la meilleure « expérience » à la nouvelle génération de
« clients ».
Les voies d’accès de l’arrière-pays s’encombrent, l’augmentation de la circulation
force à élargir les routes de montagne, les panoramas pittoresques se transforment en
mêlées humaines pour prendre un selfie. Et dans le processus, les grands espaces, le
calme et l’évasion que l’on était venu chercher sur ces sentiers risque bien d’être
perdu.
Il existe une contradiction émouvante et fascinante dans la poursuite d’un idéal naturel
qui s’éloigne pourtant à mesure que la société fait un pas vers lui. Si les Parcs
Nationaux apparaissent comme des sanctuaires, leur transformation est bien
présente. L’inscription de l’architecture dans ces sites contient dans un même temps
fantasmes et résignation.

Le cycle des MARDIS DE L'ARCHITECTURE prendra ensuite une pause cet été pour revenir dès le mois de septembre et en octobre lors d'une séance spéciale pendant les Journées de l'Architecture.