Mulhouse, la future Silicon Valley française ?

Le Projet KM0 à La Fonderie

Avec son terreau d’entreprises spécialisées dans le domaine des nouvelles technologies, la région mulhousienne s’affirme peu à peu comme une ville-référence de l’économie numérique. C’est dans ce contexte qu’une poignée de visionnaires imagine le projet KM0 : transformer l’ancien bâtiment 23 de la SACM, au coeur du quartier de la Fonderie, en un pôle d’innovation. Visite avec l’un des principaux meneur de ce projet d’envergure, Romain Spinali.

Pour tout comprendre, il faut se replonger dans l’histoire de la ville. Plusieurs sites industriels, aujourd’hui désaffectés ou en cours de réhabilitation, sont disséminés au centre de Mulhouse. De grands bâtiments industriels en brique rouge, à l’image du bâtiment 23 situé à la Fonderie, qui appartenait auparavant à la SACM. On y fabriquait des locomotives. Le nom du projet, le KM0 (Kilomètre Zéro), vient de là : c’est à cet endroit que démarre la première ligne ferroviaire internationale d’Europe.

Romain Spinali devant le bâtiment 23 de la Fonderie ...et peut-être futur pôle d\'excellence du numérique Romain Spinali devant le bâtiment 23 de la Fonderie ...et peut-être futur pôle d'excellence du numérique © M.O.

Parallèlement à ce glorieux mais révolu passé industriel, Mulhouse développe depuis quelques années un intérêt pour les nouvelles technologies, les métiers de l’internet et du digital. Le projet KM0 consiste à rénover ce gigantesque bâtiment 23 de 5000m² et d’y accueillir des startups, des entreprises, des chercheurs et des étudiants. Une pépinière de l’innovation. La base de départ d’une sorte de Silicon Valley à Mulhouse, cet endroit de Californie qui avait permis dans les années 70 l’essor de futur géants technologiques comme Apple ou Hewlett-Packard.

Un aimant à talents

Romain Spinali est le jeune président de Rhénatic, un pôle de compétence numérique qui réunit et fédère une centaine d’entreprises alsaciennes liées aux nouvelles technologies. Il nous fait visiter cet énorme bâtiment vide et nous explique sa vision du KM0 : « C’est Patrick Rein, le fondateur de Rhénatic, qui a vu en premier le potentiel de ce bâtiment inoccupé. Plutôt que d’en faire des lofts, on s’est dit qu’il pourrait accueillir un écosystème complet tourné autour du numérique et de l’innovation, de la formation jusqu’aux entreprises de pointe. Avec des travaux de rénovation, surtout énergétique, que nous estimons entre 2 et 4 millions d’euros, le lieu serait rapidement utilisable, dès la rentrée 2015 ou 2016 ! » Il y a six mois, la plupart des interlocuteurs de Romain Spinali lui riaient au nez, et lui rétorquaient que Mulhouse ne pouvait accueillir un tel projet. Mais l’idée a fait son chemin, a convaincu bon nombre de professionnels, y compris à l’Hôtel de Ville.

Le 4ème virage du numérique

On saisit rapidement l’intérêt de réunir à un même endroit tous les acteurs des nouvelles technologies... présentes et futures. Des entreprises innovantes souhaitant être au coeur d’un vivier de compétence, des agences haut-rhinoises déjà expertes en la matière, des acteurs de la formation continue, l’Université de Haute Alsace... Des professionnels pourraient donner des cours aux étudiants au rez-de-chaussée. Ceux-ci pourraient trouver des stages dans les entreprises aux étages supérieurs. Les startups pourraient travailler ensemble et développer les outils de demain, dans un état d’esprit « à la Google ».

Il y a dix ans, on n’imaginait pas forcément aller sur le web avec son téléphone ou faire ses courses sur internet et les récupérer au drive. « Le quatrième virage du numérique arrive, c’est l’ère du tout connecté. Dans dix ans, comment sera votre smartphone ou votre veste ? On travaille déjà sur les textiles connectés, vous n’aurez bientôt plus besoin d’une carte d’identité ou de CB ! Il faut s’imaginer les habitudes de consommation de demain et fédérer des gens compétents pour les mettre en oeuvre », détaille Romain Spinali. « Pour l’instant, le KM0 est encore un projet élastique, il faut définir qui va le porter jusqu’à son terme et d’où vont provenir les fonds. Le propriétaire du bâtiment 23, c’est la SERM et la M2A. Mais nous n’imaginons pas racheter le bâtiment et en faire un projet 100% privé. Il doit faire partie de la politique globale de la ville. Car ce n’est pas seulement un endroit qui va servir à réunir des entreprises, le projet est bien plus ambitieux que cela. Le pôle de compétence que nous pourrions développer ici serait comme un aimant à talents et à salariés à forte valeur ajoutée. Cela veut dire de l’attractivité pour la ville. Il faut maintenant se demander quelle est l’ambition que l’on se fixe mondialement. Moi, je dis qu’on peut faire de Mulhouse une capitale des nouvelles technologies ! » On devrait en savoir plus sur l’avenir du projet d’ici le mois de juin. ☛ Mike Obri

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