Momix : un festival international

Momix, c’est un festival international du jeune public. La preuve, un tiers des compagnies invitées viennent de l’étranger : Belgique, Italie, Canada... Cette année, il y aura même un focus sur la création catalane. Philippe Schlienger, son directeur, nous dit pourquoi il cultive cet esprit d’ouverture.

Les compagnies internationales sont nombreuses depuis le début du festival : elles représentent un tiers de la programmation. Pourquoi ce choix ?

Il y a deux choses. Dès le départ, nous avons invité des compagnies italiennes et belges parce qu’il y avait un foisonnement et une créativité dans ces pays, en avance à l’époque sur les compagnies françaises. Mais aussi parce que cela correspondait à la configuration de notre festival, qui, au début, n’avait pas de salles comme l’Espace Tival. Ces compagnies-là avaient l’habitude de ne pas jouer dans des salles et donc s’adaptaient très facilement dans des lieux pas équipés, tout en proposant des prestations de qualité. Depuis, on a gardé des liens avec nos partenaires européens. On est une vitrine du théâtre jeune public, c’est important de ne pas se renfermer sur notre territoire, de rester ouvert sur différentes expressions.

Et pour ces compagnies, que représente Momix ?

Il faut savoir que la France, ces vingt dernières années, s’est énormément structurée , avec beaucoup de lieux de diffusion. Pour les compagnies étrangères , c’est une aubaine de présenter leur travail en France, surtout à Momix car il y a beaucoup de professionnels présents. C’est la perspective de faire une tournée.

Sur le plan artistique, est-ce aussi une autre manière de faire du théâtre, une autre approche du jeune public ?

Il y a des savoir-faire, des écritures dramaturgiques différentes. Le théâtre flamand a une couleur qui nous interpelle. Les productions au Québec font un travail d’auteur important. Ces compagnies ne sont pas forcément représentatives du spectacle vivant dans leur pays : souvent, elles se sont singularisées en développant leur propre savoir-faire. On n’invite pas ces compagnies étrangères parce qu’elles sont étrangères, mais parce que leurs projets sont intéressants. Ils ont souvent une dimension universelle, abordant les grandes thématiques liées à l’enfance et à la vision du monde. Ils sont dans une inventivité qui parle à tous.

Cette année, le festival propose un Momix à la Catalane. Comment est née l’idée ?

Nous avons réalisé un partenariat avec plusieurs instituts de Catalogne qui ont émis le souhait de présenter une série de créations à Momix, un festival qu’ils ont identifié comme porteur et c’est un honneur pour nous. Nous avons fait notre sélection, avec cinq compagnies présentées sur un temps fort le deuxième week-end, mais aussi une exposition à la Bibliothèque de Mulhouse, et un apéritif catalan aux Sheds. Pour elles, il s’agit d’élargir leur zone de diffusion car, malgré des spectacles de haute qualité, elles ne trouvent pas forcément beaucoup d’écho, parce qu’il y a moins de lieux de diffusion en Espagne qu’en France. Pour Momix, ces compagnies feront des productions en français ou avec très peu de paroles. Elles s’adaptent pour que les spectacles soient compréhensibles par tous les enfants.

Vous réalisez aussi des partenariats avec nos voisins proches, comme l’Allemagne ?

Oui, il y aura un échange scolaire entre le collège Emile-Zola de Kingersheim va accueillir des collégiens allemands qui viendront sur le festival Momix, et des collégiens français iront à Francfort pour assister au festival Stärkestücke. En partenariat avec l’Office franco-allemand de la jeunesse (OFAJ), on accueille aussi pendant une semaine une douzaine de jeunes comédiens et artistes en devenir, français et allemand, pour une formation autour du théâtre d’objet.

Un mot sur la compagnie de le Théâtre de la pire espèce du Québec qui viendra donner un cabaret de la pire espèce au bar de l'Espace tival ?

Le théâtre de la pire espèce est un théâtre très inventif que l’on a accueilli à plusieurs reprises, qui travaille à la fois sur l’objet et le texte, parce Francis Monty est à la fois marionnettiste et auteur. Pour le cabaret, il a carte blanche et proposera plusieurs petites formes qui vont durer une dizaine de minutes au bar de l’Espace Tival, à partir de 22h. La compagnie viendra aussi avec le spectacle Petit bonhomme en papier carbone, un très beau travail où les acteurs manipulent des petits objets avec beaucoup d’intelligence. On les apprécie beaucoup parce qu’ils sont dans l’esprit du festival, ils nous étonnent avec leur capacité à raconter des histoires avec des objets du quotidien.

A l’international, vous accueillez aussi pour la première fois une compagnie argentine, avec le spectacle Un Poyo Rojo.

J’aime bien dans le festival avoir des spectacles atypiques, un peu plus ciblés pour les adultes. Je suis allé voir le Teatro fisico au théâtre du Rond-Point pour voir s’il pouvait correspondre à notre programmation. Et j’ai été séduit par leur habilité à raconter des histoires avec leur corps, de manière très physique, sur le registre de la masculinité. Il s’empare de cette question, sans en faire un spectacle de danse, sans en faire un spectacle de théâtre, mais un moment de divertissement. Et c’est quelque chose d’essentiel : qu’on prenne du plaisir au spectacle !

☛ Propos recueillis par Sandrine Bavard.

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