Jusqu'au 06/05/2018
Didier Paquignon n’est pas un inconnu à la Fondation Fernet Branca. Ce peintre parisien a déjà exposé ses « Muses », des portraits d’hommes, torses nus, connus ou inconnus, prenant le contre-pied de la représentation de la nudité qui est souvent inverse : celle d’une femme qui fait naître le désir chez l’homme.
Il nous fait cette fois « Le coup du lapin », du titre de son livre paru ces derniers jours aux Éditions Le Tripode : une compilation de fait divers insolites qu’il met en image depuis plus de 20 ans, au début pour faire rire les copains, et maintenant pour toucher un plus large public. « Je suis un peu atypique, jamais là où l’on m’attend. J’ai fait beaucoup de couvertures de livres de poche, j’ai fait beaucoup de peinture pour des films, je ne me cantonne pas à un domaine », précise l’artiste.
Didier Paquignon a ainsi accumulé près de 400 histoires au fil des ans, mais en a retenu environ 80 pour son livre, et quasiment autant pour l’exposition à Fernet Branca. Des vertes et des pas mûres : des jeunes qui cambriolent une maison et tuent le poisson rouge pour ne laisser aucun témoin, un sexagénaire britannique qui revendique plus de 700 relations sexuelles avec des automobiles, une juge d’instruction de Tours qui tente d’élucider un meurtre en interrogeant un chien…
L’absurdité n’est pas le ressort de quelques brebis égarées, mais atteint parfois aussi le sommet de l'État : ainsi, le Luxembourg envoie un deuxième militaire au Mali pour lutter contre l'État islamique ce qui « double sa présence militaire sur place » selon le communiqué de presse officiel ou la Chine ressent le besoin de légiférer sur la présence de mouches dans les WC : pas plus de 3 au m2 ! « Je ne ricane pas sur les gens mais j’ai plutôt envie que l’on rigole tous ensemble. Il faut que le fait divers finisse toujours par un amusement. J’écarte les faits divers sordides et sanglants, ou ceux qui touchent les enfants. Il n’y a qu’une histoire ici qui parle d’un enfant gravement malade qui ne peut pas rire, mais je l’ai gardé car l’image est tellement forte », précise l’artiste.
Au-delà de l’insolite, ces œuvres témoignent d’un monde qui ne tourne pas toujours rond, révélateur d’une bêtise humaine qui semble sans limite. « Je capte les choses de notre époque. Je n’ai pas envie de peindre des pots de fleurs. Beaucoup de gens m’ont fait remarquer qu’il y avait probablement des fakes dedans, mais peu importe. Je leur réponds : si ça n’existe pas, ça va arriver demain. On vit dans un monde de plus en plus délirant et maladif, où l’être humain est capable de tout. En fait, je pense que c’était déjà le cas avant, mais Internet a changé notre rapport au monde, on est au courant de tout. »
Pour illustrer ses textes, Didier Paquignon qui dit « ne pas croire en l'invention » détourne des images existantes : « À un moment donné, l’image et le texte collent, mais toujours en décalage. Je ne veux pas que l’image vienne décorer le texte, je veux une osmose qui se créent entre les deux qui vont surprendre les gens, et me surprendre moi-même. » Il imprime ensuite ces images sur monotype, une technique qui mêle dessin et peinture : « C’est la technique la plus adéquate avec ce que je voulais faire, exigeante mais très rapide qui donne cet espèce de trouble. » Juste ce qu'il faut de distance avec le sujet. ☛ S.B.
Fondation Fernet-Branca - Saint-Louis 68300 Saint-Louis
Du Dimanche 18 Mars 2018 au Dimanche 6 Mai 2018
Entrée : 8€
Tarif réduit : 6€
Gratuit : moins de 18 ans, enseignants, journalistes, personnes en situation de handicap
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