De l'absinthe made in Haut-Rhin... et elle (ne va pas) vous rendre dingo

Même si cela reste marginal, on consomme toujours de l'absinthe en France ! Contrairement à une ancienne légende, cet alcool ne rend pas fou... Saviez-vous qu'une distillerie locale en produisait encore, sur les hauteurs de Lapoutroie ? C'est parti pour la visite ! - Mike Obri

L'eau fraîche coule sur le sucre, puis dans l'absinthe © M.O. L'eau fraîche coule sur le sucre, puis dans l'absinthe

On a un peu menti : la boutique de la distillerie René de Miscault est bien implantée au centre de Lapoutroie, sur les hauteurs de Kaysersberg, mais ses alambics se trouvent historiquement un peu plus loin, à la frontière des Vosges et de la Haute-Saône, à Fougerolles. Cette maison familiale a été fondée en 1859. Qu'importe, on dira quand même que cette absinthe est à demi-alsacienne ! La boutique fait partie du populaire Musée des eaux-de-vie, imaginé par René de Miscault - 30 000 visiteurs par an et 30ème lieu touristique d'Alsace !

Une campagne marketing à l'origine d'une légende

« La distillerie produit environ 300 000 bouteilles par an, tous alcools confondus, soit 500 tonnes de fruits distillés ! Nos absinthes "Libertine" ne représentent qu'une petite partie de la production, mais elles ont été médaillées plusieurs fois : leur qualité est reconnue, ça se vend bien. On doit être une quinzaine à faire de l'absinthe en France, c'est tout ! » explique Marie-Béatrice Bickel, la fille de René de Miscault... qui nous rejoint en pleine visite. Le patriarche, toujours aussi malicieux, est une encyclopédie vivante des alcools : « L'absinthe a été interdite en France en 1915. Pourquoi ? Curieusement, à cette époque, le prix au verre de l'absinthe était plus bas que celui du verre de vin, dont la fillière se remettait à peine de la crise du phylloxéra... Il y a eu une entreprise de communication très agressive contre l'absinthe et les produits anisés. La légende de l'alcool qui rend fou vient de là. L'anis et le pastis n'ont été à nouveau autorisés qu'en 1951... 51, ça vous dit quelque chose ? » s'amuse René.

Marie-Béatrice et son papa, René de Miscault © M.O. Marie-Béatrice et son papa, René de Miscault

L'absinthe n'est, quant à elle, légalisée qu'en 1998 en France. La consommation d'absinthe connaît alors un petit pic : c'est l'effet de curiosité. L'image du breuvage qui rend dingue a la peau dure, même un siècle plus tard : « C'est systématique, on nous en parle toujours ! »

Seulement une quinzaine en France !

Anecdote marrante : en 1998, les distillateurs ne savaient pas tous faire de l'absinthe. « Nous, on avait gardé de vieux livres de recettes, mais les quantités étaient exprimées en "paniers", c'était très vague. On s'est beaucoup amusé à tester les recettes, à replanter de l'absinthe avec l'aide d'un horticulteur. C'est une plante qui pousse très facilement, et atteint presque ma taille. On fait sécher les feuilles, on les macère dans de l'alcool puis c'est distillé. On propose une dizaine de recettes différentes : on y rajoute fenouil, anis, coriandre et d'autres plantes pour des saveurs plus fines » termine Marie-Béatrice, tout en nous servant un verre de "fée verte" à la boutique. Les joies du métier, mais pas plus haut que le bord...

Un fond d'absinthe dans un verre - qui tire quand même entre 55° et 72°, il faut donc la couper - un sucre posé sur une cuillère traditionnelle et un peu d'eau venant faire doucement fondre le sucre. La distillerie propose une gamme très large d'alcools : des eaux-de-vie (dont la fameuse framboise sauvage qui a fait le prestige de la maison), des liqueurs, des whiskies... et aussi des bières artisanales depuis 2017. Tout cela est... à consommer avec modération.

Date de dernière mise à jour le 26/03/2025.


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