Inauguré en 1955, cet immeuble mulhousien de cinq étages a été conçu par l’architecte Daniel Girardet, un élève de Perret et Le Corbusier pendant la période de la reconstruction d'après-guerre. C'est porte de Bâle, que cette barre massive comme posée sur pilotis symbolise tout un mouvement moderniste résolument tourné vers l'avenir et le progrès. Petite histoire du bâtiment n°1 appelé communément l'immeuble Écran. ☛ Alix S
© DR Archi-culture : L'immeuble Écran porte de Bâle
Après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale sur Mulhouse, le ministère de la reconstruction mandata l'architecte suisse Daniel Girardet pour la reconstruction de la zone Porte de Bâle. Élève d'Auguste Perret, connu pour son style architectural moderniste, Daniel Girardet va travailler exclusivement sur le bâtiment n°1, un bâtiment "pavé" destiné au relogement.
C'est ainsi qu'après plusieurs esquisses, et études de projet que sort de terre en 1955 le bâtiment Écran, occupant une surface au sol de 441 m2 pour 35 logements allant du studio au T5, tous équipés d'une loggia de 8,68 m2. Étonnant bâtiment, comme posé sur ses poteaux de 4m50 de haut, avec sa perspective en trompe l'œil, car, contrairement aux apparences, ce n'est pas un rectangle parfait, sa hauteur sous plafond passant de 3m45 au 1er pour passer à 3m05 au dernier étage. Insolite, mais aussi terriblement moderne. On apprécie ses lignes, sa façade vitrée et rythmée, son espace vert extérieur, sa symétrie et son style année 50 qui n'a presque pas pris une ride ! Qu'ils aient été habitants, employés ou simples visiteurs, personne ne reste indifférent à l'immeuble Écran, et c'est là sa plus grande force !
Labellisé patrimoine du XXe siècle, cet immeuble d'habitation tranche par sa modernité et son intemporalité. Dès sa construction, l'Office des HLM de Mulhouse en obtient la gérance. C'est le secrétariat de l'armée de l'Air française qui demande alors l'attribution de ses 35 appartements à ses cadres mariés et à des fonctionnaires et civils issus de la base militaire de Mayenheim.
En 1965, les militaires sont relogés ailleurs, pour la plupart dans les grands ensembles construits au début des années 60 comme les Coteaux. L'office HLM remet à la location les appartement vacants et, en 1973, décide d'aménager ses propres bureaux dans les deux boutiques ainsi que dans le premier et deuxième étages. Les appartements restants sont tous occupés, il est d'ailleurs difficile d'y accéder en tant que locataire. Ces logements sont réputés modernes, bien agencés, lumineux et suréquipés. Un système de chauffage précurseur alimenté par la chaufferie du quartier pour assurer un confort thermique, un toit terrasse avec une pataugeoire pour les enfants et des petits espaces extérieurs pour chaque appartement...Tout le luxe de la modernité était réunis pour faire de l'immeuble Écran un lieu de vie envié !
© Archives Municipales de Mulhouse Une des rampes en béton menant aux garages
Devenue au fil des années une copropriété privée, l'office HLM de Mulhouse quitte les lieux fin 2009 et la SOMCO lance un appel d'offres pour la réhabilitation globale de l'immeuble. C'est l'agence mulhousienne Studio Martini qui se lance dans des travaux de rénovation qui dureront près d'un an et demi. Les 5 plateaux de 750 m2 sont tous totalement rénovés, des cloisons abattues, les vitrages changés, la façade et la toiture restaurées pour laisser place à 28 appartements du T2 au T3, baignés par la lumière du Sud.
L'agence d'architecture Studio Martini en profite pour s'installer au rez-de-chaussée et premier étage de l'Écran, créant ainsi une "boîte en verre" entre les massifs poteaux de bétons de l'immeuble. Tout le charme de l'Écran est conservé, tel que l'avait voulu l'architecte Daniel Girardet, qui participera, ému, à l'inauguration du bâtiment après travaux. Le béton planchette, les plafonds à caissons, la façade nord et ses coursives qui donne un rythme unique à cet immeuble font partie d'un style et d'une époque d'après-guerre où l'on cherchait avant tout à construire vite et bien.
Pour en apprécier toute la singularité, il faut voir tout le soin amené aux détails, à l'agencement des logements et leurs orientations idéalement pensées pour offrir aux résidents une luminosité naturelle appréciable. Un immeuble résolument moderne, précurseur, qui continue, encore des décennies après sa construction à susciter la convoitise, l'étonnement, la curiosité et l'admiration. Pour ses détracteurs, il ne serait qu'un banal immeuble des années 70, or c'est de ce genre de concept d'habitation collectif qu'il faut s'inspirer, car l'harmonie semble y régner depuis toujours et semble bien partie pour continuer encore longtemps !
© DR La façade Sud, côté porte de Bâle et ses loggias
© DR Vue sur la ville depuis le toit du bâtiment
© DR L'angle de l'immeuble façade sud et la cheminée de la chaufferie du quartier
© DR L'arrière de l'Écran et sa façade vitrée
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