CRAC, boum, hue !

Le CRAC d'Alsace – le Centre Rhénan d'Art Contemporain – est situé en plein cœur du Sundgau, à Altkirch. Un bien curieux endroit pour y mettre un espace dédié aux arts actuels ? Ce n'est pas l'avis de sa directrice Sophie Kaplan, qui nous propose un petit tour dans ces lieux hors du temps.

Le CRAC s'est installé en 1992 dans les locaux désaffectés de l'ancien lycée d'Altkirch. Une bâtisse large et imposante, aux longs couloirs baignés de soleil, à la hauteur sous plafond dépassant les 4 mètres. Les anciennes salles de classe ont laissé place aux salles d'exposition, spacieuses et modulables. Le vieux parquet grince encore des cent pas du professeur, et on sentirait presque l'odeur de craie en s'approchant des murs qui étaient autrefois recouverts de tableaux noirs, aujourd'hui de tableaux tout court.

Une salle du CRAC au plancher qui craque DR Une salle du CRAC au plancher qui craque

« C'est un lieu avec tellement de charme, une âme, et il inspire les artistes qui viennent exposer ici. L'endroit favorise la création et à l'imagination. » explique avec allant Sophie Kaplan, la directrice, et ancienne élève des Beaux-Arts de Paris. Et quand on lui demande si passer du foisonnement culturel de Saint-Germain-des-Prés à la douceur de vivre d'Altkirch n'a pas été trop difficile, elle répond avec franchise que : « Oui, je me suis parfois posé la question. De l'art contemporain en milieu rural, ça semble paradoxal. Je me disais qu'il serait plus évident de faire vivre un tel endroit dans une grande ville. Mais c'est faux, le public répond présent, avec plus de 11 000 visiteurs par an. Un tiers de scolaires, un tiers d'amateurs venus de la région, de Suisse et d'Allemagne, et un bon tiers de Sundgauviens. Au final, on fait autant d'entrées que notre équivalent à Strasbourg. »

Apprivoiser les visiteurs

Le CRAC répond principalement à une mission de rencontre et de sensibilisation des publics. Sophie Kaplan et son équipe mettent le paquet en ce qui concerne la pédagogie et les explications aux visiteurs. « Je trouve cela très bien d'être décentralisé, que tout ne soit pas concentré dans les grandes villes : nous sommes un relai entre l'art contemporain et les gens qui ne seraient peut-être jamais allés à une exposition. Et surtout, on travaille beaucoup avec les scolaires, que ça soit dans le cadre de projets artistiques dans les écoles ou d'ateliers d'initiation pendant les vacances. On accueille plus de 3500 enfants par année. Il ne faut pas oublier que les jeunes d'aujourd'hui, s'ils sont sensibilisés à l'art assez tôt, seront les visiteurs et les prescripteurs de demain. »

Et quand on lance Sophie Kaplan sur le délicat sujet de l'art contemporain souvent rejeté et méprisé par le public français, elle réplique avec grand discernement : « C'est normal, les artistes sont en avance sur leur temps, et il est parfois difficile de les suivre si on ne laisse pas certains préjugés au vestiaire. Une expo sur Picasso aura toujours plus de succès car c'est entériné, digéré. Au CRAC, la mission est à l'opposée : on tente plutôt d'exposer les Picasso de demain, et je suis sûr qu'il y en aura ! » Découvrir les lieux vous tente ? Laissez-vous guider...Allez-vous craquer ?

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