L'installation de Décor, un ensemble de quatre christ en fil barbelé, signée Adel Abdessemed est un petit événement au Musée Unterlinden qui fait rarement place à des artistes contemporains. C'est Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la culture et gestionnaire de la collection d'Adel Abdessemed qui a contacté le Musée Unterlinden, puisque l'œuvre de son protégé est un écho contemporain au retable d'Issenheim et plus particulièrement à la crucifixion. Une opportunité que s'est empressé de saisir le Musée Unterlinden dans le cadre des festivités liées au 500e anniversaire du retable d'Issenheim : « Cela montre que le retable fait encore parler de lui au XXIe siècle. Il ne faut pas le reléguer dans un truc vieillot, religieux. Ce n'est plus une image de dévotion, c'est une œuvre d'art. Et l'art, c'est le monde, la politique. Cette œuvre a été réalisée à la veille de la réforme, de la guerre des paysans, marquant une rupture dans l'empire germanique. Aujourd'hui encore, la crise de violence que nous vivons dans le monde est ressenti très fortement par les artistes», souligne Pantxika De Paepe, conservateur en chef du musée Unterlinden.
© dr Décor d'Adel AbdessemedAdel Abdessemed qui a fui les massacres engendrés par la guerre civile en Algérie dans les années 90 a subi cette violence. Et comme tous les artistes qui ont côtoyé la mort, il a été fort impressionné par le retable d'Issenheim, qu'il a découvert pendant un voyage d'étude alors qu'il était étudiant aux Beaux-Arts de Lyon. Et c'est en 2011 qu'il a concrétisé l'idée de ses christ à New-York, avec l'aide de deux soudeurs : « C'est une déclinaison en quatre exemplaires du christ sur la croix, avec du fil barbelé américain, plat comme des lames de rasoir, comme celui qui est utilisé à Guantanamo. C'est le corps lacéré du christ qui forme comme une bobine de fil. Il a choisi de le faire en quatre exemplaires et de lui donner un aspect décoratif pour évacuer le côté religieux, iconique. Il joue sur cette tension entre la violence et l'esthétique, mais pour lui, c'est une représentation de la cruauté, de l'horreur », explique Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice d'art moderne et contemporain au musée Unterlinden.
Lors du cycle de conférences organisé à la Comédie de l'Est, la conservatrice animera une discussion avec l'artiste, l'occasion de comprendre un peu mieux sa démarche et sa sensibilité.
Besoin d'idées sorties dans votre ville ?
Recevez les meilleures idées sorties par notification web !
Aucun email requis.
Autoriser les notifications pour continuer.
Recevez les meilleures idées sorties par notification web !
Aucun email requis.
Une seconde fenêtre va s'ouvrir vous invitant à autoriser les notifications