Mariella Kieny - La Maison Kieny : le challenge d’une vie

Les chefs étoilés d’Alsace ont perdu l’un de leurs fiers représentants au printemps dernier : Jean-Marc Kieny, à la tête de La Poste - Kieny à Riedisheim, 1 étoile Michelin depuis 1990. Avec beaucoup de courage et entourée de toute l’équipe du restaurant, Mariella Kieny, sa veuve, a souhaité continuer l’aventure et maintenir le niveau d’excellence de l’établissement, récemment rebaptisé « La Maison Kieny ». Rencontre.

Propos recueillis par Mike Obri en novembre 2017.

Mariella Kieny, dans la salle du restaurant familial La Maison Kieny © Mike Obri Mariella Kieny, dans la salle du restaurant familial La Maison Kieny

Il y a six mois, le chef Jean-Marc Kieny s’en est allé. Brutalement. Laissant derrière lui Mariella, sa femme, leurs deux fils, sa mère et son frère Laurent - dont la pâtisserie se trouve juste à côté du restaurant étoilé familial. Tel un navire, l’établissement s’est retrouvé sans son capitaine. Une épreuve forcément très difficile. Comment faire face à un tel drame ? « J’aime cette maison, j’aime mon métier. Avec Jean-Marc, cela représente 27 années de travail en couple pour le restaurant. C’est toute ma vie. Il n’était pas question de laisser tomber. J’ai demandé à mes deux fils de 22 et 25 ans ce qu’ils en pensaient, ils m’ont conforté dans mes choix. On doit continuer à avancer. Ici, on a tout : une belle maison, une belle cuisine, une clientèle fidèle », explique Mariella Kieny, vaillante.

Mais semaines après semaines, n’est-ce pas trop dur d’évoluer entre ces murs - qui rappellent immuablement l’absence de l’être cher ? « Au début, oui, mais peu à peu, ça devient le contraire. Je me reconstruis en m’investissant dans la maison. Je sens la présence de Jean-Marc dans les couloirs : c’est quelque chose de très difficile à expliquer. Je me sens bien ici. J’ai installé quatre petits panneaux oranges dans la salle. C’était sa couleur préférée. Et des cache-radiateurs en ferronnerie d’art : il en avait dessiné les motifs. Je sais qu’il aurait adoré. Et en même temps, je veille aussi à casser cette image très froide du décès. L’éclairage a changé, il y a deux grands pots rouges et un bonsaï à l’entrée qui donnent du pep’s... on modernise par petites touches pour aller de l’avant. »

« Ce n’est pas une bataille, c’est un challenge »

On perçoit d’emblée chez Mariella Kieny une grande et une très belle énergie positive. Une simplicité rayonnante. Pudique et néanmoins franche, elle glisse avoir besoin de petits moments d’isolement, des moments à soi. Notamment le matin, lorsqu’elle promène son chien. C’est là qu’elle s’autorise à « lâcher prise », quand personne n’est là pour le voir. « Après le décès de Jean-Marc, les chefs Nicolas Stamm et Olivier Nasti ont été super présents. Je les remercie. Olivier m’a proposé son aide, il est même venu goûter la nouvelle carte ! » En cuisine, Jean-Marc Kieny avait l’habitude de s’appuyer sur ses deux seconds, autonomes, qui assurent dorénavant une belle continuité créative et qualitative dans les assiettes, avec leur petite touche personnelle en plus. Le frère de Jean-Marc Kieny, Laurent, signe les desserts du restaurant.

« On se bat pour conserver cette excellence, cette reconnaissance, chez nos clients et dans les guides. On sait qu’on est sur un fil, mais je crois qu’on se débrouille pas trop mal. Mais ce n’est pas une bataille. C’est un challenge. Je suis quelqu’un de positif, en plus d’être une maman : je me dois de montrer l’exemple », précise Mariella Kieny. « Changer le nom du restaurant, de La Poste à La Maison Kieny, c’est une idée qu’on a eu avec la maman et le frère de Jean-Marc. On voulait rendre hommage à Jean-Marc et aussi à son papa André, qui est parti quelques mois avant lui. Nous sommes désormais une grande famille recomposée. On a voulu intégrer à ce noyau les deux seconds de cuisine, Guillaume Breta et Arnaud Meregnani, ainsi que le personnel en salle. L’équipe est super soudée ! » Ce qui fait sourire Mariella : « Ce sont tous mes petits, maintenant. »

Le questionnaire

Votre chanson préférée ?
Je suis très jazz. Un morceau de Diana Krall ..? Ou les derniers albums de David Bowie.

Votre livre de chevet ?
« L’Homme qui voulait être heureux » de Laurent Gounelle. Un livre qui m’a beaucoup aidé.

Une personnalité que vous admirez ?
Le docteur Joy Mootien, qui exerce en réanimation, et qui s’est occupé de Jean-Marc. J’admire sa manière très positive de réagir devant l’adversité.

Un endroit où vous vous sentez bien ?
Ici, dans la Maison Kieny.

Votre café ou resto préféré dans le coin ?
Facile ! Le salon de thé juste à côté, chez mon beau-frère Laurent.

Ce qui vous émerveille dans la vie ?
La beauté de la nature.

Votre dernière grosse colère ?
Je ne me fâche pas beaucoup.

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