Orlinda Lavergne, miss street art

Orlinda Lavergne tient une galerie d'art spécialisée dans le street art au centre de mulhouse, et démocratise l'art urbain dans les rues de la ville. Rencontre avec une femme qui a les pieds sur terre et les doigts dans la peinture aérosol.  Par Mike Obri

On a toujours dessiné sur les murs : les grottes de Lascaux sont là pour nous le rappeler. À New York, dans les années 60/70, c'est le boom du mouvement street art (ou art urbain). Aujourd'hui, les stars du genre se nomment Banksy, Invader ou JR. Des artistes qui pré-vendent quasiment tout ce qu'ils produisent, à des prix atteignant souvent les six chiffres, voire davantage. On est très loin du côté marginal et contestataire des débuts... Pourtant, il y a une dizaine d'années encore, le regard sur le street art était le même qu'à ses débuts : illégal, grossier, des tags... En gros : pas de l'art ! Le mouvement s'est démocratisé. Pourquoi ?

Orlinda Lavergne, dans sa galerie de la rue des Trois Rois à Mulhouse © Mike Obri Orlinda Lavergne, dans sa galerie de la rue des Trois Rois à Mulhouse

Une forme d'art directe, populaire et hypervisible

« Le street art est une forme d'art très directe, accessible sans bagage culturel. Avec l'explosion planétaire des réseaux sociaux, comme Instagram, le street art est devenu "hypervisible". Aussi, les artistes street art travaillent beaucoup avec les marques, comme par exemple OBEY, qui a carrément lancé sa propre marque de vêtements à succès », souligne Orlinda Lavergne, qui nous reçoit dans sa galerie mulhousienne, rue des Trois Rois. « Et qui dit popularité, dit aussi institutionnalisation. Aujourd'hui, le regard a changé sur ces pratiques : une belle fresque, c'est devenu un levier d'attractivité pour les collectivités, les villes ou les entreprises ! »

Orlinda Lavergne est originaire de Colmar. Après des études en arts plastiques, on lui fait comprendre qu'il serait temps de se former à "un vrai job"... « Je suis devenue programmeuse informatique, puis j'ai travaillé dans la com'. Mais quand on arrive sur ses 40 ans, naturellement, on se pose des questions sur ce qu'on désire réellement faire. J'ai démarré avec une galerie itinérante, sans lieu fixe, mais rapidement, j'en ai eu assez de jouer au forain. Posséder une galerie pignon sur rue permet de rassurer acheteurs et artistes », précise-t-elle.

Mulhouse, dans l'ADN du street art

« Je n'imaginais pas ouvrir une galerie de street art à Colmar, ville trop traditionnelle... Mulhouse a une vraie histoire avec les murs peints, plus un côté indus' qui est complètement dans l'ADN de l'art urbain... L'endroit où tu installes ta galerie détermine quelle clientèle tu vas toucher. Tout le monde ne va pas chez Ferrari ou Tesla. Vendre de l'art n'est, au final, pas si éloigné de la vente de voitures. L'art reste un marqueur social, avec ses catégories », analyse sans langue de bois la galeriste, qui propose des sérigraphies dès 60€. Elle travaille avec une vingtaine d'artistes au total.

Orlinda Lavergne fait régulièrement l'intermédiaire entre murs et artistes. Elle est à l'origine de nombreuses fresques murales XXL à Mulhouse, comme celle de Vinie Graffiti, Grand'Rue, ou la façade d'un immeuble du quartier des Coteaux où l'on profite désormais d'un superbe portrait de femme de 38 mètres de haut. Moins connu, le parking du Kinépolis est devenu une véritable galerie de street art, à la façon du Mausa à Neuf-Brisach, avec une bonne soixantaine d'oeuvres bombées sur les murs ! « Il y a une véritable fierté, dorénavant, à afficher une fresque sur ses murs. L'Office de Tourisme est même venue me voir pour créer une visite guidée "street art". On est dans une dynamique positive », conclut-elle.

Une chanson en boucle ? 
Le dernier album de Ben Harper.

Votre livre de chevet ?
« Le Syndrôme de la Mouche contre la Vitre » de Liliane Holstein, autour de l'inconscient qui nous pousse à reproduire toujours les mêmes schémas. J'adore les lectures "psy" !

Un film qui vous a marqué ?
La série « Westworld », pour son excellent postulat de départ (dans le futur proche, un parc peuplé d'androïdes vous permet de vivre des aventures sans conséquences en chair et en os).

Une personnalité admirée ?
Simone de Beauvoir, pour ses théories avant-gardistes.

Un café ou resto dans le coin ?
L'Arpège à Colmar.

Votre dernière grande joie ?
Avoir passé mon baptême de plongée ! J'ai découvert un autre monde, sous l'eau... très contente de cette expérience !

Votre dernière grande colère ?
Ce qui me révolte, c'est la soif de pouvoir permanente chez l'homme...

Truc préféré en Alsace ?
Les gros bretzels bien moelleux ! (rires)

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