Thomas Ress, le directeur de l'Espace 110 à Illzach

Thomas Ress, le metteur en scène des Rives de l’Ill, prend la direction de l’Espace 110 à Illzach. Une suite logique pour ce quasi trentenaire qui a posé tout au long de sa vie les jalons pour vivre de sa passion : le théâtre.

Propos recueillis en août 2015.

Thomas Ress, le directeur de l\'Espace 110 à Illzach DR Thomas Ress, le directeur de l'Espace 110 à Illzach

Thomas Ress a toujours été précoce. A 6 ans, il s’initie déjà au théâtre aux Tréteaux de Haute-Alsace à Mulhouse. A 18 ans, il monte sa première compagnie amateur, les Aspir’acteurs. A un peu moins de 30 ans, il est le nouveau directeur de l’Espace 110 à Illzach. L’homme va vite car il a toujours su ce qu’il voulait faire : de la mise en scène, la « colonne vertébrale » du spectacle. Après des études théâtrales à l’Université de Strasbourg, Thomas Ress passe professionnel et créé la Cie des Rives de l’Ill, implantée à Illzach. Avec ses acolytes de toujours, les comédiens Virginia Danh et Nicolas Phongpheth, il monte des spectacles de théâtre, en intégrant d’autres ingrédients : du cirque, de la danse, du chant, de la peinture… « On essaye à chaque fois d’être sur un terrain différent, de tenter des choses. C’est un peu ce que l’on nous reproche mais pour moi, c’est une force ».

Faire passer des choses

Le jeune metteur en scène n’hésite pas à s’attaquer au grand répertoire, d’Euripide à Shakespeare, ou prendre à bras le corps des textes contemporains, comme ceux de Wajdi Mouawad ou Daniel Keene. « Ce sont des coups de cœur de lecture, souvent liés à ce qui me traverse : des colères, des envies de défendre quelque chose, des textes que j’estime nécessaire de partager. Par exemple, quand j’ai monté La Métamorphose de Kafka, c’était en réaction à ce que j’entendais dans des ateliers que l’on faisait dans les écoles. Les lycéens étaient très durs entre eux sur les différences physiques ou d’origine. Que se passe-t-il quand un matin, on se réveille dans la peau d’un cafard, que l’on perd sa famille et ses amis ? J’avais envie de les éveiller et de susciter une réaction. On n’est pas psy, pas moralisateur, mais on peut faire passer des choses. » En grandissant, la sensibilité change. Aujourd’hui, Thomas Ress se confronte à des sentiments plus personnels : « Mon prochain spectacle, Un Verger pour mémoire, parlera de l’importance de la mémoire et de la transmission. J’ai perdu ma grand-mère l’an dernier, atteinte de la maladie d’Alzheimer, dont j’étais très proche. J’ai demandé à Laurent Contamin d’écrire sur ce sujet, avec un texte qui laisse des petites bulles de respiration », confie-t-il.
Mais il n’y a pas que la fibre artistique pour faire tenir une compagnie. Pour grandir, Thomas Ress a pris des risques, emmenant sa troupe au Festival d’Avignon puis au Vingtième Théâtre à Paris pour des dizaines de représentations : « C’est deux expériences différentes. A Avignon, c’est à la fois la fête parce que ça fourmille dans les rues, et la guerre avec 1 200 spectacles par jour. Certaines compagnies arrachent les affiches des autres pendant la nuit ou lancent des rumeurs sur la qualité des spectacles. A Paris, la concurrence est rude aussi, mais les gens viennent vraiment voir le spectacle et il y a beaucoup de professionnels dans la salle. Même si ça ne se traduit pas par la vente du spectacle, ça donne beaucoup de visibilité et de crédibilité. Souvent, ce sont aussi deux expériences qui peuvent mettre fin à la vie d’une compagnie, mais nous, on est toujours là », sourit Thomas Ress.

La compagnie poursuivra ses activités malgré la nomination de Thomas Ress à la tête de l’Espace 110, une suite logique dans son parcours : « Ce qui me plaît ici, c’est que ce n’est pas seulement un théâtre mais aussi un lieu de vie : 4 000 personnes sont inscrites aux activités et c’est un public potentiel pour les spectacles. Il faut faire un travail de sensibilisation, créer des passerelles, pour donner envie à des gens qui ne viennent pas au théâtre d’y venir. »

Des goûts & des couleurs

- En boucle sur votre Ipod ?
L’album de Christine and the Queens : Chaleur Humaine.
- Votre livre de chevet ?
L’Opera de Quat’sous de Brecht… une envie de le monter.
- Une personnalité que vous admirez ?
Shakespeare pour son immortalité !
- Un endroit où vous vous sentez bien ?
Sous la douche… étrange, mais vrai.
- Votre resto préféré dans le coin ?
La Table chez Wallid et son excellent couscous.
- Ce qui vous émerveille dans la vie ?
La capacité de l’être humain à inventer.
- Votre dernière grosse colère ?
Le 7 janvier 2015...

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