Marie Kauffmann joue Roxane : "Je le vis comme un vrai cadeau"

Le metteur en scène Georges Lavaudant souhaitait une jeune et fraîche comédienne pour interpréter Roxane dans Cyrano de Bergerac. Il a choisi Marie Kauffmann, 27 ans, une Mulhousienne qui a fait ses classes au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris.

Vous avez fait le conservatoire dramatique de Mulhouse avant le conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Quel souvenir en gardez-vous ?

J’en garde un très bon souvenir, surtout pour ma rencontre avec Christophe Greilsammer, mon professeur à l’époque, et par tous ses exercices sur le corps, par le choix des textes, par sa volonté de moderniser l’établissement. C’est lui qui m’a donné envie de continuer dans cette voix.

© Hervé All La Mulhousienne Marie Kauffmann incarne Roxane dans Cyrano de Bergerac, son premier grand rôle au théâtre

Dans votre jeune carrière, vous avez joué principalement au théâtre. Que représente pour vous Cyrano de Bergerac, l’une des pièces les plus célèbres du répertoire français ?

C’est très étrange parce qu’on connaît cette pièce sans la connaître. On l’a parcouru pendant son cycle scolaire mais elle est assez mal étudiée. Il y a pas mal d’a priori, surtout concernant le personnage de Roxane, que l’on voit souvent comme une jeune fille naïve amoureuse des mots, qui ne connaît pas grand-chose à la vie. Je suis très contente d’interpréter ce rôle parce qu’elle n’est pas du tout comme ça : c’est le parcours d’une jeune fille qui devient femme parce qu’elle fait l’expérience de l’amour et que c’est un sentiment qui la bouleverse, qui la rend dingue.

C’est votre premier grand rôle dans une grande production qui tourne dans toute la France. Comment vivez-vous cette aventure ?

C’est génial de pouvoir se produire partout en France, avec un spectacle qui est très bien reçu, que l’on a joué plus de 70 fois : je le vis comme un vrai cadeau. Tous les soirs, c’est différent. Ce qui est beau dans le théâtre, c’est qu’on est toujours dans le moment présent, qu’il se passe plein de choses dont on n’a pas forcément conscience sur scène. Je découvre aussi beaucoup de choses sur le métier d’actrice, sur le fait de faire évoluer son personnage du début à la fin. C'est très agréable de travailler comme ça parce que l'on devient plus précis et plus fluide au niveau du texte et du lien avec les autres acteurs. Ce texte est comme un puit sans fonds : on pourrait le jouer sans discontinuer qu’on y trouverait toujours de nouvelles choses.

Sur scène, vous cotôyez de vieux routiers comme Patrick Pineau (Cyrano) et Gilles Arbona (De Guiche). C'est facile de trouver sa place dans une telle distribution ?

En l’occurrence, oui, cela a été très facile. Patrick et Gilles jouent avec Georges Lauvaudant depuis 20 ans et j’avais l’impression d’être la petite dernière de la famille. On apprend beaucoup à leur contact, rien que de les voir jouer, de s’emparer du texte, d'occuper l'espace, de rendre les choses très concrètes.

La tournée s’achève à Mulhouse, votre ville natale, pour trois représentations, du 12 au 14 février 2014, avant une autre tournée prévue en 2015. Vous avez une petite appréhension ?

Oh non, j’attends ça avec une grande impatience ! C’est un peu un rêve de jouer chez soi : vous savez, j’allais petite à la Filature pour voir des spectacles, j’y ai même travaillé comme ouvreuse. Pour moi, c’est la plus belle des salles et Mulhouse est la plus belle des villes. J’y ai mes racines et je n’en suis parti qu’à 19 ans : c’est la ville dans laquelle je me sens le mieux et que je défends énormément parce qu’on la critique beaucoup. A tort : pour moi, c’est une ville toujours en mouvement.

☛ Propos recueillies par Sandrine Bavard.

La comédienne est à découvrir dans le classique du théâtre français Cyrano de Bergerac à la Filature du 12 au 14 février 2014.