Le 10/01/2026
Halle Saint-Pierre, 2, rue Ronsard | Paris
Gratuit
Comment, tout au long de son histoire, se sont déroulées les différentes étapes qui ont conduit le groupe surréaliste à suivre à la lettre, non sans de rudes adversités, la fameuse formule de Breton : « Transformer le monde, a dit Marx ; changer la vie, a dit Rimbaud », ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un ?
© Association Les amis de Benjamin Péret
De gauche à droite Victor Serge, Benjamin Peret, Rémédios Varo et André Bretoneton
Au programme
Séance animée par Maurice Coton, secrétaire de l’Association Atelier André Breton, poète.
Échange avec le public
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Quand et comment le surréalisme s’est-il engagé dans le combat révolutionnaire sur le terrain de l’action politique, alors qu’il apparaît d’abord comme un mouvement littéraire et artistique issu de la Première Guerre mondiale, en révolte contre ses ravages et son absurdité, contre les nationalismes et la pensée rationaliste ?
Défini par André Breton en 1924 comme « un automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. », le surréalisme ne laisse entrevoir aucune intervention sur le plan éthique et politique.
Les intervenants montreront comment, tout au long de son histoire, se sont déroulées les différentes étapes qui ont conduit le groupe surréaliste à suivre à la lettre, non sans de rudes adversités, la fameuse formule de Breton : « Transformer le monde, a dit Marx ; changer la vie, a dit Rimbaud », ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un.
Gérard Roche, président de l’Association des amis de Benjamin Péret et directeur de publication des Cahiers Benjamin Péret — 14 numéros parus à ce jour sur ce poète qui incarne sans doute l’engagement révolutionnaire surréaliste le plus lumineux —, expliquera de quelle manière, durant l’entre-deux-guerres, le groupe surréaliste est passé de la révolte à la révolution, en particulier dans le sillage de la révolution d’Octobre 1917, mais aussi contre les idéologies totalitaires du fascisme, du nazisme et du stalinisme.
Les menaces de guerre et les désastres certains qui en découleront poussent les intellectuels, écrivains, artistes et universitaires à s’engager pleinement dans le combat idéologique. Les surréalistes — Breton, Péret, Crevel… — s’y livreront corps et biens, sans jamais mettre leur art et leur poésie au service d’une quelconque propagande.
Philomène Troullier, jeune autrice du mémoire de master Défendre un art politique dans la France des années 30 : l’expérience de la section française de la Fédération internationale pour un art révolutionnaire indépendant (FIARI), lèvera le voile sur cet épisode trop méconnu, dans lequel le surréalisme a joué un rôle majeur. Alors qu’en Allemagne le régime nazi qualifiait de « dégénéré » l’art des avant-gardes, la FIARI a cherché à regrouper et entraîner les artistes et intellectuels révolutionnaires, au sein d’un mouvement antifasciste et antistalinien, dans le combat politique et existentiel pour l’art indépendant.
Après-guerre, deux ans après son retour d’exil américain, Breton déclare lors d’un meeting parisien : « Ouvrez les prisons… licenciez l’armée ; je tiens cette injonction pour aussi valable en 1948 qu’en 1925. » Le surréalisme continue à soutenir l’internationalisme et à revendiquer la libération de l’esprit, contre les oppressions, le colonialisme, la bureaucratie stalinienne…, mais il n’apparaît plus guère sur le devant de la scène culturelle anticapitaliste, occupée par les écrivains et intellectuels du parti communiste, avec lesquels Breton, Péret et les nouveaux poètes et artistes venus les rejoindre ne renoueront aucun lien. Découvrant l’œuvre de Charles Fourier, Breton ajoute à « transformer le monde, changer la vie » : « et refaire de toutes pièces l’entendement humain ».
La guerre d’Algérie remettra le surréalisme plus en lumière. Jérôme Duwa, docteur en histoire de l’art contemporain et auteur de nombreux ouvrages sur le surréalisme et les avant-gardes, se saisira des revues publiées par les surréalistes ou auxquelles ils participent, en montrant les instruments qu’ils mettent en œuvre pour peser dans les luttes émancipatrices. Il partira de la revue antigaulliste et anticolonialiste Le 14 juillet, publiée en 1958 et dirigée par Jean Schuster et Dionys Mascolo, pour nous mener jusqu’à la Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie, le 6 septembre 1960, plus connue sous le nom de Manifeste des 121 intellectuels, universitaires et artistes, dont, bien sûr, des surréalistes.
Deux ans après la mort d’André Breton (1966), avec la révolte des étudiants et lycéens, les manifestations déclenchant l’occupation de leurs établissements, puis celles des usines par les ouvriers et une grève générale paralysant le pays plusieurs semaines — avec aussi ses slogans poétiques —, Mai 68 sautera aux yeux de beaucoup d’acteurs et témoins comme une démonstration de l’esprit surréaliste. Anne Foucault, docteure en histoire de l’art contemporain, autrice de l’ouvrage Histoire du surréalisme ignoré, portera son regard sur les différentes formes militantes adoptées par les surréalistes pendant l’effervescence de Mai 68. En miroir, elle analysera la façon dont le surréalisme a pu inspirer des groupes militants politiques d’extrême gauche dans les années qui suivent Mai 68.
En conclusion, un débat avec la salle trouvera peut-être la bonne formule pour indiquer la route à suivre avec le surréalisme, et entreprendre la profonde transformation sociale et humaine qu’il a si ardemment tracée, comme le suggère Jean-Pierre Plisson dans son beau livre André Breton, le fil rouge des enchantements.
Bibliographie
Organisation
Françoise Py est présidente de l’APRES (Association pour la recherche et l’étude du surréalisme). Poète et écrivaine, elle a été maîtresse de conférences en histoire et théories de l’art à l’Université Paris 8, département d’arts plastiques. Elle a écrit de nombreux articles sur les artistes peintres, sculpteurs et écrivains surréalistes, notamment dans la revue numérique Mélusine. Elle organise les Rencontres en surréalisme, à la Halle Saint-Pierre, dans le cadre de l’APRES.
Public : jeunes et adultes.
Accessible aux personnes déficientes visuelles.
Cet événement a été renseigné par un organisme institutionnel. Date de dernière mise à jour le 18/12/2025.
Où :
Halle Saint-Pierre,
2, rue Ronsard 75018 Paris
Contacts :
+33699080263
franc
www.h
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