Vive - Compagnie Superlune

« L’avocat. – « Laisser la parole », comme on dépose une offrande comme on passe un flambeau
C’est exactement de ça qu’il s’agit dans notre cas. De parole.
Le président. – C’est-à-dire ?
L’avocat. – On a privé ma cliente de parole, elle en est restée muette des années. Et si elle est ici aujourd’hui devant vous c’est que la parole lui est revenue. À la fois elle l’a reprise, à la fois on la lui a rendue.
Le président. – Magnifique entrée en matière, Maître, mais l’heure n’est pas à votre plaidoirie. Commencez par présenter la plaignante, je vous prie.
L’avocat. – Madame Anaïs Lacascade, vingt-sept ans, cheffe dans la restauration.
Elle accuse son père d’agressions sexuelles et de viols de ses sept à quatorze ans. »

© Julie Cherki Vive - Compagnie Superlune

Anaïs traîne son père en justice. Ce chef étoilé autoritaire, attentionné et incestueux qui l’a initiée à la gastronomie dans le secret de sa cuisine et de sa chambre à coucher. Et les spectres de son enfance sont appelés à la barre : la mère aveugle, la sœur jalouse, le frère absent, le grand-père qui perpétue l’omerta familiale…

Avec éloquence, Joséphine Chaffin livre un éminent plaidoyer contre la domination et le silence. Un spectacle rythmé comme un procès d’assises où les comédiens passent avec maestria d’un rôle à l’autre. Plaignante, accusé, magistrat ou psychiatre dévoilent en flash-back l’enfer du décor et le retour à la voix vive.