Figaro !

Jean Liermier, directeur du théâtre de Carouge à Genève, présente Figaro. Il mixte la structure du livret des Noces de Figaro de Mozart, et le texte originel de Beaumarchais, pour une comédie plus explosive.

Figaro, c’est le célèbre valet de chambre du comte Almaviva, promu concierge et coursiers à Londres par son maître qui cherche à l’éloigner de son domaine pour tenter de séduire sa fiancée Suzanne. Pire, le compte propose aux futurs époux de s’installer dans la chambre attenante à la sienne, espérant profiter des charmes de Suzanne avant son mari, alors qu’il a lui-même aboli le droit de cuissage. Le valet va alors réfléchir à un plan pour tromper le comte.

Ecrit un 1778, ce chef d’œuvre de Beaumarchais dénonce les privilèges archaïques de la noblesse et a d’ailleurs était censuré à ce titre pendant plusieurs années. Tellement dans l’air du temps qu’éclatait 11 ans plus tard la Révolution française. Mais Figaro n’est pas un héros : « C’est une petite voix dans la nuit, celle d’un ex-coiffeur devenue chauffeur, un domestique, un soumis, qui s’élève pour dire Non ! », explique Jean Liermier, metteur en scène et directeur du théâtre de Carouge à Genève dans sa note d’intention. Cela lui a fait penser au Printemps arabe, quand des hommes et des femmes, des « petites gens » sont sortis dans la rue pour mettre des dictateurs dehors, preuve que ce texte est toujours d’actualité.

Pourquoi braver l’interdit ?

Le mariage de Figaro, c’est aussi l’histoire de femmes, soumises, tourmentées, qui doivent faire face à la domination des hommes : « La femme la plus aventurée sent en elle une voix qui lui dit, sois belle si tu peux, sois sage si tu veux mais sois considérée, il le faut », dit Marceline, la gouvernante de la comtesse qui convoite Figaro. Ces femmes qui peuvent contrarier parfois les humeurs des puissants, comme est venue le rappeler l’affaire du Sofitel : une femme de ménage qui attaque en justice le patron du FMI, Dominique Strauss-Khan, pour tentative de viol. Comme DSK, le comte Almaviva a tout à perdre : son autorité, sa réputation, son propre mariage. Jean Liermier interroge : « Comment donc expliquer l’impossibilité à maitriser son désir ? Pourquoi le contrôle de soi est-il si faible vis-à-vis du "braver l’interdit ?" »

Des questions soulevées au travers d’une comédie, pleine de stratagèmes tordus, de situations explosives, de désirs inassouvis. Le tout, dans un décor grandiose, un château aux influences andalouses, pivotant sur lui-même, qui impose un ryhtme de jeu très dynamique.