Du gin de velours distillé à Colmar : Baptiste, le "Heisenberg du gin" !

Vous n'allez pas échapper aux références à la série culte "Breaking Bad" avec Baptiste Kirchhoffer, distillateur spécialisé dans le gin de haut vol ! Visite dans son repaire. - Mike Obri

© Mike Obri

Baptiste Kirchhoffer a 35 ans et est distillateur à Colmar depuis 2018. Sa spécialité : le gin. « J'étais prothésiste dentaire à Paris, mais j'avais envie de revenir chez moi, en Alsace. J'ai pris une année sabbatique pour réfléchir à un nouveau projet de vie. J'ai voyagé. En Nouvelle-Zélande, j'ai découvert leur culture du gin. Un copain mixologue m'a prodigué quelques conseils, puis j'ai eu envie de me lancer ! » indique-t-il. L'Officine voit le jour, avec une identité marquée et travaillée, très cool.

« Il est vrai qu'à l'époque, on n'était qu'un ou deux à faire du gin en Alsace... on m'avait pris pour un fou, ce n'était pas tendance. Depuis trois ou quatre ans, ça s'est vraiment développé, un peu comme le phénomène des micro-brasseries. Du gin artisanal, t'en as un peu partout ! » Mais tout le monde n'a pas un alambic sous vide avec serpentin de refroidissement rose fluo. « C'est mon côté Heisenberg dans Breaking Bad ! »

A peine 5000 ou 6000 bouteilles par an

Baptiste, qui travaille seul, ne produit que 5 à 6000 bouteilles chaque année, mais vise l'excellence. On retrouve ses gins dans toute l'Alsace, principalement chez les cavistes et les restaurateurs. En 2022, il fait parler de lui en étant le premier olibrius à envoyer des bouteilles d'alcool dans la stratosphère, à 30 km au-dessus de la Terre, à l'aide d'un ballon gonflé à l'hélium. Après avoir obtenu diverses autorisations officielles, le ballon décolle des hauteurs d'Eguisheim. Un rêve de gosse. Autre dinguerie : Baptiste expédie chaque année une partie de son gin sur la façade atlantique, pour faire vieillir ses bouteilles à 20 mètres de profondeur dans l'océan, à l'abri de la lumière et de l'oxygène. « Car ça donne un petit goût iodé, même si ça reste assez léger ! » Baptiste, ce savant fou.

© Mike Obri

« Mais ce que j'aime particulièrement, c'est m'occuper de mon jardin, juste à côté de la distillerie ! Faire pousser mes poivres, mes herbes, le temps s'arrête quand tu jardines » souligne le jeune homme, soucieux des valeurs éco-responsables. « L'autre aspect qui m'importe, c'est de faire des collaborations. Avec des paysans qui conservent des variétés de céréales oubliées, un trufficulteur ou un tonnelier de la région... Ou encore créer une étiquette avec un tatoueur du coin, comme Tiraf à Mulhouse. Mettre en avant le savoir-faire local. »

Un gin... à la truffe !

Hopla, assez papoté, on passe à la dégustation. Tous les gins de l'Officine sont d'une qualité indéniable, dans la finesse et l'équilibre parfait des saveurs. Premier choc avec le Gin Tho, très frais, fruité, sur les agrumes, voire le fruit de la passion. « C'est mon gin estival ! A contrario, le Gin Sigma est hivernal, gras, sur la mandarine et les poivres, avec plus de structure » commente Baptiste. Le p'tit tour de manège se poursuit avec sa cuvée Cosmique, des bouteilles qui ont vieilli dans un refuge alpin, à plus de 3600 mètres d'altitude.

Enfin, coup de cœur, une cuvée limitée, le gin à la truffe nommé Mesentericum, réalisé avec Jean-Luc Halter, trufficulteur installé dans le nord de l'Alsace. « Pas possible de faire chauffer une truffe fraîche, on perdrait ses arômes... il a fallu faire une distillation à basse température sous vide. » Le breuvage contourne avec subtilité la puissance de la truffe, qui rendrait le gin un peu écœurant. Là, c'est de la dentelle. Baptiste... "he's the one who knocks" (référence à la réplique qui tue de Heisenberg dans Breaking Bad) !

Distillerie L'Officine à Colmar - www.distillerie-officine.com