Théâtre d'improvisation : les règles de l'art

Le théâtre d'improvisation a de plus en plus d'adeptes dans le Haut-Rhin. Cette discipline récente voit deux équipes de comédiens s'affronter dans des joutes artistiques et souvent humoristiques, en improvisant sur un thème donné. Et c'est le public, qui fait pleinement partie du spectacle, qui détermine le gagnant.

Pour découvrir ce spectacle riche en rebondissement, direction Saint-Louis et la 6e édition de Fest'Impro du 4 au 6 février qui met à l'honneur quatre équipes européennes : Saint-Louis, Bruxelles, Fribourg, Nancy. Des séances de rattrapage ont lieu toute l'année car de plus en plus de salles programment des matches d'impro, preuve que cette discipline commence à s'installer dans le paysage théâtral.

On pourrait voir dans le théâtre d'improvisation une pratique totalement libre qui ne fait rien dans les règles de l'art. Faux ! Le théâtre d'improvisation emprunte au théâtre classique tout ce travail nécessaire pour se produire sur scène : déplacements, mimiques, gestuelles, voix... Mais il pille les règles du sport et plus particulièrement du hockey sur glace pour en faire un spectacle vivant et attirant.

L'association Athila est le pionner de l'impro dans le Haut-Rhin © dr L'association Athila est le pionner de l'impro dans le Haut-Rhin

A l'origine de cette nouvelle discipline, apparue dans les années 70 au Québec, deux hommes : Yvon Leduc et Robert Gravel, qui possèdent un théâtre déserté par les spectateurs, alors que la patinoire d'en face ne désemplit pas. Ils ont alors l'idée de transposer les règles du hockey sur glace dans leur salle de spectacle. Les comédiens ont des temps de jeu, entrent et sortent de la patinoire, peuvent faire un détour par la case prison au bout de deux avertissements. Car paradoxalement, l'improvisation est très réglementée et fait appel à un arbitre pour sanctionner les fautes, par exemple si un comédien est entré trop tôt dans le jeu. Le public peut ovationner ou conspuer comme au temps des arènes romaines.

Un arbitre pour stimuler le jeu

En arrivant en Europe à la fin des années 80, une autre forme de match d'improvisation a vu le jour, moins difficile à mettre en place car tout le monde ne peut se payer le luxe d'une patinoire. Le match se déroule donc sur une scène classique, avec deux équipes de cinq comédiens qui s'affrontent sur un thème. Le rôle de l'arbitre y est fondamentalement différent : « Il devient un maître du jeu, va chercher à aider le comédien pour que le spectacle soit bon. Il peut stopper une intrigue si elle n'avance pas ou si l'impro manque de rythme, il peut demander l'avis du public », explique Arnaud Ginther, président de l'association Athila. Il propose les thèmes, les catégories, donne une durée de jeu et le nombre de comédiens autorisés. Les équipes ont ensuite 20 secondes – et pas une de plus – pour réfléchir ensemble à des pistes de jeux et déterminer le rôle de chacun. D'autres personnages se sont rajoutés pour dynamiser le spectacle : il peut y avoir un maître de cérémonie, qui accueille le public, présente les joueurs et rappelle les scores pendant les temps morts, ou encore un DJ qui choisit des courts extraits musicaux entre les phases de jeu pour maintenir le rythme du spectacle.

Le public est roi

Que reste-t-il alors du match originel ? L'essentiel. Le comédien ne sait pas ce qu'il va jouer sur scène, et le public intervient selon ses humeurs. Et ces deux ingrédients font le succès de ces matches d'impro : « Le public n'est pas passif et a son mot à dire, en proposant des thèmes et en votant pour une équipe. Certains spectateurs seront même amenés à monter sur scène et pourront servir d'objet dans une impro, car il n'y a pas de décors et pas d'accessoires. Et puis, le public aime voir des performances d'acteurs et les voir se mettre en danger. Il aime également qu'il y ait un gagnant et un perdant car ça reste une compétition même si elle est festive », analyse Arnaud Ginther.

Avec ce théâtre d'improvisation, le spectateur ne peut être que surpris. Il y a quantité de catégories : la fusillade où chaque comédien passe à tout de rôle, le « Mais encore ? » où l'arbitre interrompt le comédien à chaque fin de phrase par cette interrogation. Certaines peuvent vraiment donner du fil à retorde à l'image de la catégorie mort théâtrale, où à partir d'un lieu et d'un objet, le comédien doit se donner la mort, par exemple se tuer avec une fourchette dans un camping-car. Et oui, vous l'aurez compris, ces improvisations donnent lieu à des divagations, des délires, des cocasseries... Car pour séduire le public, tous les coups sont permis : humour noir ou potache, comique visuel ou de situation, prestations dramatiques ou tragiques...

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