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Rencontre avec Freddy Koella, auteur du tube Femme Libérée

De Mulhouse à Los Angeles. Etonnant parcours que celui de Freddy Koella, musicien hors pair qui a joué avec Bob Dylan ou Willy DeVille, a connu la gloire avec Femme Libérée. Et qui revient sur le devant de la scène à 52 ans.

Propos recueillis en mars 2011.

Il vient de donner un concert à Paris dans un club de jazz réputé, lui qui reste généralement dans l'ombre des chanteurs qu'il accompagne sur scène ou en studio. Mais à l'occasion de la sortie de son nouvel album Undone, Freddy Koella doit forcer sa nature. Alors, pas trop difficile ? « Si c'est difficile, vous pouvez l'écrire en lettres majuscules. Qu'est-ce que j'ai souffert ! J'étais très nerveux, aucune paix intérieure les trois jours avant le concert. Une fois sur scène, c'est comme si j'avais été chez un psy pendant trois heures. » Avec modestie, Freddy s'excuserait presque : « C'est une nouvelle aventure, faut que j'apprenne ».

Freddy Koella a joué avec Bod Dylan, Willy DeVille, Carla Bruni ou encore Francis Cabrel Freddy Koella a joué avec Bod Dylan, Willy DeVille, Carla Bruni ou encore Francis Cabrel © Mathias Clamer

Découverte du blues

L'aventure de Freddy a commencé 52 ans plus tôt à Mulhouse dans une famille de mélomane. Il étudie d'abord la guitare classique, puis la délaisse au profit du violon : « Je trouvais qu'elle ne projetait pas assez de sons, je ne pouvais pas les malaxer assez. Je n'arrivais pas à m'exprimer. Le violon, c'était tellement plus expressif et vivant. ». Et puis vient la découverte du blues par l'intermédiaire de sa sœur qui ramène du lycée des disques de Big Bill Bronzy et Lightnin'Hopkins. Un choc : « J'ai mis des cordes en acier sur ma guitare classique, j'ai acheté un petit ampli, et je me suis mis à jouer et faire des expériences sonores pendant des heures et des heures. »

Lui qui s'est consacré au violon pendant 5 ans, prenant même des cours particuliers pour rattraper son retard et réussir le concours d'entrée du conservatoire de Strasbourg, renonce alors qu'il touche au but. Car à 18 ans, il veut vivre de la musique, rejoint le groupe Franck Jones et écume les bals en Alsace. Mais son rêve est ailleurs : à la Nouvelle-Orléans, terre promise pour les musiciens. « J'ai débarqué dans le quartier français, avec ses clubs de rythm & blues à tous les coins de rues, je sortais tous les soirs écouter de la musique. J'étais comme un enfant devant un magasin de jouet avant Noël. Le dernier jour, j'ai fait un jam avec des musiciens texans et j'ai su que cette musique me correspondait vraiment. » Il y retourne ensuite pour jouer au côté de Zachary Richard, musicien cajun.

Pourtant, c'est en France que Freddy Koella se fait connaître avec le groupe strasbourgois Cookie Dingler, auteur du tube Femme libérée. « Quand j'ai entendu cette chanson un an avant son enregistrement, j'étais persuadé qu'elle marcherait. C'était une aventure inattendue : on nous emmenait à l'Ile Maurice, en Afrique. Nous étions comme des gamins en vacances. »

Rencontre avec Bob Dylan

A ce stade du récit, nous devons aborder le cas James Trussart, luthier originaire de Nancy, installé aux Etats-Unis, où les plus grands musiciens se fournissent. C'est lui qui branche Freddy avec Willy DeVille à la recherche d'un guitariste. « Depuis Mulhouse, j'ai joué quelques morceaux enregistré sur un magnéto et je les ai envoyés à Willy. Ca lui a plus. J'ai joué avec lui pendant 12 ans.»

Et c'est encore James Trussart qui le met sur la piste de Bob Dylan : « J'ai passé une audition, en jouant au feeling, je n'avais appris aucune chanson. Bob Dylan, c'était un peu irréel, tellement extrême, mais j'ai réussi à ne pas me prendre la tête avec ça. J'ai été un peu son chouchou pendant un an, parce que j'ai une culture blues très imprégné et que je jouais dans un style qu'il aimait beaucoup.»

Malheureusement, le rêve s'interrompt brutalement, à cause d'une grave insuffisance rénale : « C'était terrible de perdre ce job, il était parfait pour moi. Quelle épreuve ! Pour sortir de ce marasme, je me suis mis à composer tout seul et j'ai sorti un premier album. Ca ne m'avait jamais traversé l'esprit avant. »

Dans cet album, presque à vertu thérapeutique, épurée à l'extrême, Freddy révèle sa grande sensibilité. L'œuvre d'un homme serein ? « J'ai mes combats intérieurs mais je dirais que dans l'ensemble, ça va plutôt bien. »

Lire aussi :

La chronique de l'album Undone

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