La séance des artistes
Le 07/06/2025
Cinéma les 7 Parnassiens | Paris
Gratuit
Les 7 Parnassiens, célèbre cinéma indépendant, est totalement investi par Nuit Blanche et accueille une programmation composée d’œuvres vidéos et d'une exposition. Le geste symbolique de déplacer des œuvres vidéo, habituellement exposées dans des galeries ou des espaces d’exposition, vers les salles de cinéma, réinterroge le lieu de diffusion et d’expression de l’art et offre un nouveau regard sur les créations. La sélection rassemble des témoignages visuels et sonores de la résistance sous toutes ses formes. Face à un monde carcéral, elles résonnent comme des hymnes à la lucidité, à la décroissance, comme des appels à repenser notre rapport à l’environnement et à la société. Par leur poésie et leur puissance visuelle, ces œuvres offrent une réflexion sur ces enjeux contemporains, tout en invitant le public à une expérience cinématographique inédite, mêlant art, activisme et méditation. Dans ces salles obscures, la lumière jaillit de l’art qui vient précisément éclairer le noir et lui apporter une vérité nouvelle.
Sont à découvrir des œuvres vidéos d’Alice Brygo, Clément Cogitore, Anne-Charlotte Finel, Tao Hui, Valérie Mréjen, Emily Richardson, entre autres. À ces projections s’ajoutent une exposition de l’artiste Cécile Bicler, une série de six dessins puzzles aux crayons de couleurs extraits du film Massacre à la tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper, et le travail scénographique de Gaëlle Usandivaras.
Au programme :
- Vol - Cécile Bicler
« Des images tourbillonnaient devant mes yeux, des centaines d’images, des fragments… » Stephen King, Rage.
Sans titre, muet, 23 min, 2001
Salles obscures, sonore, 4 min 39 s, 2001
Kane, sonore, 17 min, 2003
Music, muet, 10 min, 2004
Des vidéos de found footage montées à partir de compilations d’extraits de films d’horreur collectionnés par l’artiste. Cécile Bicler décortique les films d’horreur et les démembre ensuite, afin de se servir comme elle l’entend des fragments obtenus : elle tente un assemblage de bouts, crée un nouveau corps. Elle incise la fiction, en détache des « morceaux de choix ». Sa démarche artistique depuis quelques années est de réhabiliter la peur comme outil politique de prise de conscience, d’attention à soi et au monde, de réveil. Regarder ses peurs en face pour mieux s’en affranchir en les traversant.
Durée de la projection : 54 min 39 s
- La colonisation de la nature par l'homme
Emily Richardson, Aspect, 16 min, 2004 - Œuvre issue de la Collection d’entreprise Neuflize OBC
Anne-Charlotte Finel, Jardins, 2017, de la série “Jardins”, musique de Voiski, 6 min 18 s, 2017 - Œuvre issue du Fonds d’Art Contemporain - Paris Collections
Ya-Hui Wang, Tropical Work : Snowman, 4 min 32 s, 2008 - Œuvre issue du Fonds d’Art Contemporain - Paris Collections
Ces trois œuvres vidéos interrogent notre rapport à la nature et à ce qui nous constitue. Dans Aspect, Emily Richardson utilise le time-lapse pour condenser un an d’observations en neuf minutes. La forêt y apparaît comme un être vivant, en perpétuelle transformation. Ce travail minutieux révèle l’imperceptible et souligne la vitalité d’un environnement que nous fragilisons chaque jour. Avec Jardins, Anne-Charlotte Finel explore une jungle insoupçonnée dans les sous-sols du métro. La nature, reléguée dans l’ombre, se réinvente malgré la bétonisation. Les lumières fugaces des trains dévoilent une végétation résistante, un combat entre l’Homme et l’environnement. Enfin, Tropical Work : Snowman de Ya-Hui Wang met en scène un bonhomme de neige dans les paysages tropicaux de Taïwan. Transporté et façonné par l’artiste, il incarne la disparition et la fragilité de notre monde. Une performance qui interroge notre rôle dans l’effacement du vivant.
Durée de la projection : 26 min 50 s
- Émanciper la reproduction sociale
Tao Hui, The Dusk of Tehran, 5 min, 2014 - Œuvre issue de la collection de la Fondation Louis Vuitton
Valérie Mréjen, Une noix, 1 min 24 s, 1997 - Œuvre issue de la Collection d’entreprise Neuflize OBC
Ana Vega, Preparing for Free Time, 15 min, 2025
Dans The Dusk of Tehran, Tao Hui met en scène une femme iranienne en robe de mariée exprimant son malheur : son succès artistique a sacrifié ses rêves personnels. Inspiré d’Anita Mui, ce monologue transpose un dilemme universel : l’amour face aux contraintes sociales. Par cette image, l’artiste détourne le symbole du mariage en métaphore d’oppression dans une société patriarcale. Avec Une noix, Valérie Mréjen explore la dynamique mère-fille et la résistance à l’autorité. La fillette refuse l’intervention de sa mère, affirmant son indépendance. Ce face-à-face révèle l’ambivalence du contrôle maternel et questionne la manière dont la parole féminine est entendue ou interrompue. Enfin, Ana Vega prolonge cette réflexion à travers l’intersection des conditions du travail artistique et parental. Preparing for Free Time met en scène une figure sommaire esquissée à la ligne udon assise à son bureau face à deux écrans, concentrée, branchée à un tire-lait. Les deux activités se superposent, les deux constituent du travail invisibilisé peinant à être reconnu institutionnellement comme tel.
Durée de la projection : 21 min 24 s
- Le feu de la désolation, la flamme de l’espoir
Clément Cogitore, Burning Cities, 5 min, 2009 - Œuvre issue du Fonds d’Art Contemporain - Paris Collections
Alice Brygo, Le Mal des Ardents, 16 min 12 s, 2022 - Œuvre issue du Fonds d’Art Contemporain - Paris Collections
Dans Burning Cities de Clément Cogitore, les flammes dévorent les villes, symbolisant un chaos implacable où chaque incendie semble briser l’ordre établi. Cependant, au cœur de cette destruction, le feu incarne aussi une forme de résistance. Fragile mais persistante, la flamme défie l’obscurité et l’effondrement, symbolisant un renouveau. Cette œuvre nous invite à voir le feu non comme la fin, mais comme une étincelle de rébellion. Dans Le Mal des Ardents, Alice Brygo a recréé en images de synthèse les réactions de la foule qu’elle avait pu observer lors de l’incendie. Les visages sont envahis par une angoisse palpable, tandis que la source du danger, le feu, reste toujours absente de l’image. L’accompagnement sonore immersif renforce l’atmosphère de psychose, suscitant un contexte propice à la montée du nationalisme et à la radicalisation identitaire, des sentiments qui se diffusent en toile de fond.
Durée de la projection : 21 min 12 s
- Résister face à l’aliénation de notre condition moderne
Driss Aroussi, Sisyphe, 12 min, 2017-2018 - Œuvre issue de la Collection d’entreprise Neuflize OBC
Klara Liden, The Myth of Progress ou Moonwalk, 3 min 43 s, 2008 - Œuvre issue de la collection de la Fondation Louis Vuitton
Taus Makhacheva, Endeavour, 9 min, 2010 - Œuvre issue de la collection de la Fondation Louis Vuitton
Cette série de vidéos illustre l’aliénation de l’Homme face à un monde du travail avide. Dans Sisyphe, Driss Aroussi rencontre un homme qui extrait des pierres dans le désert, méditant sur la vie et la mort. Ce mythe de Sisyphe, celui de l’Homme confronté à la vanité de sa condition, est repris dans la vidéo de Taus Makhacheva où l’Homme, malgré son effort inlassable, semble refléter l’absurde ou l’espoir, entre impuissance et persévérance. Moonwalk de Klara Liden s’inscrit comme une pause contemplative, offrant une réflexion sur la trajectoire itérative de l’existence humaine. La silhouette, marchant à reculons contre le rythme des voitures, invite à la décélération et à la résistance, non pas en tournant le dos, mais en faisant face. Ce geste de recul devient un acte de résistance contre la monotonie du quotidien, en harmonie avec la vidéo de Makhacheva, oscillant entre l’aliénation et l’espoir.
Durée de la projection : 24 min 43 s
- Saturation et subversion, l’image à la dérive
Clément Cogitore, The Evil Eye, 14 min 45 s, 2018 - Œuvre issue de la collection de la Fondation Louis Vuitton
Face à l’invasion des images banalisées, Clément Cogitore répond par une puissance visuelle et une narration proche du fantastique. Dans The Evil Eye, il détourne des images promotionnelles génériques pour en faire une expérience immersive. Des clichés stéréotypés, extraits de banques d’images publicitaires et politiques, sont traversés par une voix féminine appelant désespérément un être cher. Projetées sur un écran, ces images envahissent l’espace, créant une atmosphère intime et oppressante. La tension lumineuse génère une vision dystopique, où sourires figés et beautés artificielles deviennent des instruments de manipulation et de consommation. La voix féminine, oscillant entre prophétie et supplication, incarne un matérialisme avide et dévorant. Le spectateur est absorbé et désorienté par cette « boîte optique », suggérant la dissolution des repères dans un monde saturé d’images. La vidéo devient un cri d’alerte face à la surconsommation visuelle et interroge nos individualités et nos choix.
Durée de la projection : 14 min 45 s
Tout public.
Accessible aux personnes à mobilité réduite.
Cet événement a été renseigné par un organisme institutionnel. Date de dernière mise à jour le 08/06/2025.
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