Cristina BanBan - Lorquianas

Du 05/12/2025 au 20/12/2025

Galerie Perrotin - Marais, 76, rue de Turenne | Paris

Gratuit

Perrotin Paris a le plaisir de présenter Lorquianas, une exposition personnelle de Cristina BanBan, artiste espagnole basée à New York, composée de grandes toiles inédites et de travaux sur papier, pour sa quatrième exposition au sein de la galerie. Présentée pour la première fois en mai 2025 au Musée des Beaux-Arts de l’Alhambra, à Grenade (Espagne), cette exposition arrive à Paris enrichie de nouvelles pièces créées pour l’occasion.

Cristina BANBAN Yerma, 2025 © Galerie Perrotin Cristina BANBAN Yerma, 2025

Lorquianas est le projet le plus ambitieux de Cristina BanBan à ce jour, et c’est aussi sa première exposition institutionnelle. Elle trouve son origine dans une invitation à dialoguer avec la vie et l’héritage de Federico García Lorca dans la ville natale du poète, Grenade. Sa présence immuable dans la mémoire culturelle andalouse, ainsi que ses personnages archétypiques et forts en émotions dans des œuvres telles que Yerma, La Maison de Bernarda Alba et Noces de sang, constituent les fondements conceptuels de l’exposition. Au cœur de Lorquianas se trouve une série de toiles immenses qui répond à la complexité émotionnelle et symbolique de l’univers de Lorca. Dans Yerma (toutes les œuvres mentionnées sont de 2025), Cristina BanBan s’inspire de la tragédie du même nom, élaborée par Lorca en 1934, dans laquelle la protagoniste, prisonnière des normes culturelles de féminité et de fécondité, est peu à peu détruite par le fait de ne pas avoir d’enfant. La plasticienne traduit cette tension par deux personnages interdépendants, l’un en deuil et avachi, l’autre bien droit, rappelant une statue. Sur des aplats entrecroisés verts, bruns et bleus, ces silhouettes contrastent par la taille et les tons, mais restent liées par une même vulnérabilité. Leur relation n’évoque pas seulement le désir de maternité, mais aussi la dualité émotionnelle, le refoulement et la résignation, des thèmes centraux dans la pièce comme dans la peinture.

Luto y ajuar explore une dynamique générationnelle qui est elle aussi au cœur de la vision que Lorca a de la féminité espagnole, en particulier dans La Maison de Bernarda Alba (1936), pièce racontant la lutte de cinq filles contre l’autorité étouffante de leur mère en plein deuil. La toile de Cristina BanBan met en scène un contraste tout aussi fort : des femmes âgées, vêtues de noir, sont assises face à des femmes plus jeunes, dont les gestes hésitent entre confrontation et déférence. Des bas colorés et des éléments domestiques (chaises rouges et jaunes, cuisses dénudées) créent une tension visuelle entre solennité et sensualité, faisant écho à l’intérêt de Lorca pour le conflit entre tradition et désir au sein du foyer.

D’autres peintures s’inspirent de manière plus indirecte du vocabulaire symbolique de Lorca. Dans Multitud, Cristina BanBan fait apparaître une procession masquée et théâtrale rassemblant divers âges et identités ; elle rappelle l’intérêt profond de Lorca pour les fêtes populaires andalouses, ainsi que la mise en scène carnavalesque que l’on retrouve dans ses tragicomédies. Un pichet, qui pourrait tout aussi bien être une urne funéraire ou le réceptacle d’une forme de vie, constitue un clin d’œil à l’utilisation, par Lorca, d’objets domestiques comme métaphores du destin.

Les toiles Venus et Clown, deux tableaux verticaux très allongés, forment une sorte de diptyque qui explore les dualités — fécondité et artifice, sensualité et absurdité — sur des fonds texturés aux couleurs vibrantes. Venus, avec sa nudité primaire, évoque des archétypes bien antérieurs à Lorca, mais sa force gestuelle et son écho mystique rappellent l’influence toujours présente du poète dramatique. Clown, à la fois théâtral et insondable, joue avec l’idée de la dissimulation et de la performance, des thèmes que Lorca a explorés à la fois dans ses personnages et dans sa personnalité publique.

Parmi les nouvelles œuvres créées pour la présentation à Paris, on trouve La Zapatera Prodigiosa, Muchachas de Agua et Clown II. Chacune approfondit le dialogue de l’artiste avec l’univers symbolique de Lorca. La Zapatera Prodigiosa tire son titre de la pièce de Lorca datée de 1930, La Savetière prodigieuse, une œuvre satirique qui confronte les structures du mariage et le regard de la société. Cristina BanBan traduit ces tensions dans des formes corporelles, amplifiant la défiance et l’agitation de la savetière grâce à des silhouettes qui s’écrasent contre le cadre, tout à la fois monumentales et vulnérables. Muchachas de Agua évoque la fascination du poète pour les forces élémentaires. Ici, l’eau est source de vie, mais aussi courant incontrôlable, représentant un groupe de femmes dont les corps, tout en fluidité et superposés, suggèrent la transformation et la force du destin. Par ses courants sensuels, ce tableau rappelle les dessins de marins exécutés par Lorca, des travaux souvent interprétés comme des allégories queer du désir et de l’identité. Clown II est un témoin supplémentaire de l’intérêt de Cristina BanBan pour les archétypes théâtraux : avec sa silhouette allongée, au carrefour de la comédie et de la mélancolie, la toile fait allusion aux masques que l’on revêt dans un esprit performatif, que Lorca a à la fois portés et dénoncés dans ses propres écrits ; la plasticienne désigne ainsi la tension entre spectacle et intériorité. Ensemble, ces nouvelles toiles réaffirment la capacité de l’artiste espagnole à réimaginer l’œuvre de Lorca, non pas comme des références figées, mais comme des énergies vivantes, des figures incarnant le désir, la lutte et la métamorphose dans un langage contemporain.

Bien que Cristina BanBan soit basée à New York, son vocabulaire visuel est fortement influencé par son enfance à Barcelone et son lien avec les rythmes culturels de l’Espagne. Sa relation avec les écrits de Lorca, à travers leur symbolisme, leur intensité émotionnelle et leur portée mythique, a produit un ensemble d’œuvres qui rend hommage au poète dramatique tout en explorant de nouveaux territoires esthétiques. Ces toiles ne sont pas des illustrations des textes de Lorca ; elles vont plus loin en absorbant et en réimaginant les atmosphères qu’il a créées, mettant en scène des drames parallèles aux accents contemporains.

Tout public.

Cet événement a été renseigné par un organisme institutionnel. Date de dernière mise à jour le 21/10/2025.

Renseignements

Où :
Galerie Perrotin - Marais, 76, rue de Turenne 75003 Paris

Dates et horaires :

  • Vendredi 5 Décembre 2025 de 10h à 18h
  • Samedi 6 Décembre 2025 de 10h à 18h
  • Lundi 8 Décembre 2025 de 10h à 21h
  • Mardi 9 Décembre 2025 de 10h à 18h
  • Mercredi 10 Décembre 2025 de 10h à 18h
  • Jeudi 11 Décembre 2025 de 10h à 18h
  • Vendredi 12 Décembre 2025 de 10h à 18h
  • Samedi 13 Décembre 2025 de 10h à 18h
  • Lundi 15 Décembre 2025 de 10h à 21h
  • Mardi 16 Décembre 2025 de 10h à 18h
  • Mercredi 17 Décembre 2025 de 10h à 18h
  • Jeudi 18 Décembre 2025 de 10h à 18h
  • Vendredi 19 Décembre 2025 de 10h à 18h
  • Samedi 20 Décembre 2025 de 10h à 18h

Tarifs :

Gratuit

Inscription, billetterie ou réservation :

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