Les Fatals Picards : un humour décapant

Les Fatals Picards font étape le vendredi 6 avril au Festival Caméléon à Kingersheim pour présenter leur dernier album Coming Out. Avec l'humour qu'on leur connaît, ils dépeignent les problèmes de société et les petits aléas de la vie. Entretien avec Jean-Marc Sauvagnargues, le batteur du groupe.

Vous sortez le 16 avril un nouvel album live Fatals s/ Scène. Vous qui êtes souvent sur la route, avec 100 concerts en moyenne par an, comment avez-vous conçu cet album ?

Au début, on s'est dit qu'on allait prendre les meilleures prises de son, lors de 15 concerts enregistrés. Mais on s'est rendu compte que c'était un mauvais choix, que l'on ne pouvait pas faire de collages. Donc on a décidé de prendre l'intégralité d'un concert joué à Rouen, qui comprend 24 titres issus de nos quatre derniers albums, dont la moitié de notre album actuel Coming Out.

Vous y abordez des problèmes de société (immigration, inégalités, homophobie...) sous couvert d'humour. On a l'impression que vous êtes de plus en plus engagé...

Ca se fait naturellement. Ivan, notre ancien chanteur, ne souhaitait pas chanter des chansons engagées. Désormais, on a envie d'alerter sur certains sujets, mais sans être moralisateur. On n'est surtout pas politisé : on sait dans quel camp on se situe mais on tire sur tout ce qui bouge.

C'est plus facile de dénoncer avec l'humour ?

C'est notre marque de fabrique, on ne sait pas faire autrement. Cela peut paraître facile, mais c'est souvent compliqué. Quand on écrit une chanson humoristique sur la pédophilie, il faut trouver la bonne entrée en matière...

Vous sortez actuellement votre 3e single, Noir(s), où vous faites votre Rockcollection à la Laurent Voulzy...

Exactement. Et on s'est rendu compte en sélectionnant des morceaux qu'il y avait trois groupes avec le mot noir dedans : Noir Désir, Mano Negra, Bérurier Noir... On s'est arrêté à trois groupes, sinon la chanson aurait pu faire 50 minutes.

Après Johnny Halliday, Bernard Lavilliers, vous vous en prenez à Yannick Noah dans 1983. Vous aimez bien épingler les personnalités préférées des français ?

Dans chaque album, il y en a une. Mais pour tout vous dire, ce n'était pas prévu, on était en studio pour finaliser l'album, quand le patron du studio a apporté des revues, dont l'une avec Yannick Noah en couverture. Après l'abbé Pierre, qu'un type comme Yannick Noah soit la personnalité des français depuis plusieurs années, ça méritait bien une petite chanson. Mais elle n'est pas très méchante...

Vous évoquez aussi souvent les gens qui changent avec le temps, comme les rebelles devenus papas...

On met aussi un peu de notre vie dans les chansons. On est tous les quatre papas, on était tous un peu anarchistes, donc c'est de l'autocritique, mais ça reste plutôt tendre...

Si cet album sonne plutôt rock, vous faites aussi des incursions dans le reggae avec 1983 ou dans l'électro avec Moonboots...

C'est pour mieux coller au texte. On n'est pas un pur groupe de rock, donc on peut se permettre de toucher à tous les styles, et c'est très plaisant pour un musicien. C'est d'ailleurs je pense un des succès des Fatals Picards, les gens qui viennent à nos concerts ne vont pas entendre la même chose de bout en bout. Cette diversité, cette variété, on la revendique.

Et ils sont nombreux à vos concerts, vous avez vraiment un noyau dur de fidèles...

Oui, c'est bâti sur du solide. Je crois que j'ai dépassé les 900 concerts avec les Fatals Picards, et il y a des gens que l'on retrouve depuis les débuts, qui ramènent leurs amis, qui viennent avec leurs enfants. On a peu de médiatisation à la radio et à la télévision, mais on est très actif sur les réseaux sociaux, on répond nous-mêmes aux messages. Pendant les concerts, avant ou après, on va tous les quatre à la rencontre des spectateurs, faire des dédicaces. Cela créé une vraie proximité avec le public.

Une question que se posent sans doute vos fans : y aura-t-il sur votre live Le jour de la mort de Johnny, censuré par votre maison de disque, mais que vous avez joué en live...

Non, pour la bonne raison qu'on ne le joue plus. On souhaite en finir avec cette polémique, pas pour faire plaisir à notre maison de disque, mais c'est du passé, ce fut une guerre incessante qui a créé un climat exécrable avec la Warner. Si on se libère de cette maison de disque, peut-être qu'on la rejouera...

C'est quelque chose que vous envisagez ?

Au départ, nous sommes un groupe alternatif, avec une vocation d'indépendance. On a cédé aux sirènes du showbiz, en signant avec une grosse maison de disque, pour être distribué dans les bacs. Mais on ne croit plus vraiment au marché du disque, les albums ne se vendent plus. Ce qui compte, c'est que les gens viennent aux concerts...Et puis notre maison de disque n'a jamais été très impliquée dans notre carrière : c'est moi qui les ait prévenu que notre album Pamplemousse Mécanique devait être disque d'or. Quand je vois qu'Anggun qui représente la France à l'Eurovision en 2012 bénéficie d'une tournée européenne alors qu'aucun membre de la maison de disque n'est venu avec nous jusqu'à Helsinki en 2007...

Vous pourriez bien nous écrire une chanson là-dessus ?

Il y a de fortes chances : y a tellement de choses à raconter...

Propos recueillis par Sandrine Bavard

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