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Rubin Steiner : «On ne fait pas de la musique pour être plus fort que les autres»

Rubin Steiner clôturera le festival Horizon à la Filature samedi 25 mai avec un DJ set en entrée libre. Loin des caméras et des ondes, le musicien est pourtant un digne représentant de la french touch. Preuve en est avec son dernier album, Discipline in Anarchy, qui compte une pelletée de tubes en puissance. Interview avec une anti-star.

Vous avez tout expérimenté au cours de votre carrière : jazz, bossa, hip hop, funk…Votre DJ set à la Filature sera-t-il le reflet de cet éclectisme ?

Pas du tout. Quand je fais le DJ, c’est vraiment pour faire danser les gens, et je m’adapte à l’ambiance dans la salle. Ce sera relativement techno, mais ça peut partir dans tous les sens, je peux partir dans le mambo si je sens que les gens veulent écouter du mambo.

Vous êtes plus habitué aux clubs et salles de concert. Là, vous clôturez un festival de théâtre et de danse pointu, est-ce que ça change quelque chose dans la manière d’aborder votre set ?

Non, s’il y a bien quelque chose qui met tout le monde d’accord, c’est l’envie de danser. J’ai beaucoup travaillé avec des gens de théâtre ou de danse contemporaine, et c’est des gens tout à fait normaux, surtout quand il s’agit de faire la fête. Après, j’espère qu’il n’y aura pas que des vieux qui veulent se coucher tôt et qu’il y a aussi des jeunes qui vont voir du théâtre et de la danse.

Puisqu’on est à deux pas de l’Allemagne…Vous avez choisi un patronyme allemand, vous avez intitulé un album Wonderbar Drei, vous avez une vraie fascination pour l’Allemagne ?

Non, c’est une vieille histoire. Dans les années 90, je faisais des émissions de radio, des fanzines, et j’ai sorti une compil cassette avec des copains et on s’est tous inventé un pseudo. J’ai choisi Rubin Steiner, parce que pour moi, c’était l’exotisme total : c’était à l’opposé de moi, je ne parle pas un mot d’allemand et j’ai très peu été en Allemagne depuis. Mais je pouvais plus revenir en arrière (rires).

Vous avez pris un virage plus rock ces dernières années, ce qui vous a valu d’être comparé à LCD Sound System. Pourtant, vous n’êtes pas le plus connu de la french touch, malgré des tubes en puissance (Dexter, Try this one, Noise Beats…). Ca vous chagrine ?

Je n’ai pas l’ambition d’être connu et d’être une star. Les groupes dont on parle tout le temps ont décidé qu’on allait parler d’eux. Moi, j’ai un métier à côté, je suis programmateur d’une salle à Tours, donc je n’ai pas besoin d’aller draguer tout le monde pour gagner des sous. Ca ne me chagrine pas du tout de ne pas voir ma tronche dans les magazines, parce que les gens viennent me voir parce qu’ils en ont vraiment envie.

Et j’imagine que ça vous laisse aussi une grande liberté de création de ne pas courir après la gloire… notamment avec des chansons de 8 minutes qui ne pourraient passer en radio ?

La musique que j’aime, c’est celle qui sort du cadre. La durée légale d’un morceau pour passer à la radio m’a toujours paru une connerie. Ca n’a jamais choqué personne que James Brown ou les Rolling Stones fassent des morceaux de 14 minutes. A partir du moment où l’on fait de la musique singulière, personnelle, on est classé dans les « inclassables », les « touche-à-tout », comme si c’était pas normal. Moi, j’ai besoin d’être étonné par la musique, d’écouter des trucs jamais entendus avant.

C’est le programmateur qui parle là ?

Je reçois des tonnes de disques et c’est effrayant de voir comme tout se ressemble de plus en plus. C’est difficile de trouver un truc original, comme si les gens avaient peur. Faire ce qu’on veut, c’est le minimum je trouve. Mais on a mis dans la tête des jeunes que le plus important, c’est d’être connu.

Vous pensez à la télé-réalité ?

Oui, mais à d’autres choses comme ces marques qui organisent des tremplins : depuis quand on vote pour de la musique ? L’art n’a jamais été un concours. On ne fait pas de la musique pour être plus fort que les autres. Cela empêche les gens de faire des choses bien à eux.

On sent que ça vous énerve…

S’il y avait une recette pour être riche et célèbre, tout le monde le serait. Les choses qui marchent sont finalement celles qui sortent du lot. Il y a beaucoup trop de musique en ce moment : tout le monde inonde le net, mais j’ai l’impression qu’on écoute la musique de moins en moins. Il faut mettre une femme nue dans ses vidéos pour avoir des clics sur You tube, il faut être repéré par Pedro Winter pour être écouté. Faudrait arrêter d’être influencé par la coupe de cheveux du chanteur…

Votre dernier album Discipline in Anarchy est sorti en 2012. Vous avez un autre projet dans les cartons ?

On va probablement enregistrer un nouvel album avec le groupe avec qui je tourne. On est cinq, avec guitare, basse, batterie, congas, et c’est une formule qui marche bien en concert. Ca donnera je pense quelque chose d’assez groovy, un peu New York 78, mais à Berlin et au Brésil en même temps.

Propos recueillis par Sandrine Bavard

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